À la veille de la Conférence de Lima (Pérou), sur les changements
climatiques, la ministre de l'Environnement et de l'Aménagement du territoire,
Mme Dalila Boudjema, a indiqué qu'un «dossier capital y sera discuté : la
mobilisation des ressources financières pour le Fond Vert-Climat, doté de cent
milliards de dollars d'ici à 2030, et destiné à aider les pays vulnérables à
prendre en charge les problèmes liés au changement climatique». Intervenant,
hier, sur les ondes de la Chaîne 3 de la radio nationale, Dalila Boudjema a
estimé que l'accord entre les Etats-Unis et la Chine, les deux plus grands
pollueurs de la planète, était «d'une importance historique», ajoutant que cela
«va aider à la mobilisation des fonds nécessaires, pour lutter contre les changements
climatiques». Estimant que «tous les pays n'ont pas à payer la taxe carbone,
imposée de façon unilatérale par l'Union européenne», l'invitée de la radio a
affirmé qu'il «n'était pas question pour l'Algérie, et tous les autres pays
africains, de payer cette taxe inique, parce que nous ne sommes pas
responsables, au même niveau que les pays développés, des émissions de gaz à
effet de serre» a-t-elle indiqué. Au sujet des conséquences de ces
bouleversements climatiques sur l'Algérie, la ministre de l'Environnement a
estimé que «ce pays Méditerranéen aux zones arides et semi arides, subit de
plein fouet leurs incidences ; il n'y a qu'à observer, dit-elle, les
importantes variations climatiques relevées durant l'été et les hivers
tardifs». Pour elle, les problèmes dus aux changements climatiques «sont là,
ils s'installent et c'est une réalité » a-t-elle alerté. Pour se prémunir
contre les effets de ces changements climatiques, l'Algérie «a pris les
devants, en adoptant une stratégie multisectorielle de défense de
l'environnement» a encore indiqué la ministre de l'Environnement, ajoutant
qu'un «Plan national climat a été mis sur pied, et destiné à prévenir et à
prendre en charge leurs conséquences». Se voulant plus claire, Dalila Boudjema
a expliqué que «l'activation d'une stratégie intersectorielle de
l'environnement, se décline sous la forme d'un programme d'action
environnementale et de développement durable centré autour d'un plan Climat, et
en premier lieu la nouvelle stratégie énergétique centrée sur un modèle de
consommation visant à substituer les combustibles liquides par du gaz naturel
et du propane liquéfié, considérés comme des énergies propres » a-t-elle
affirmé. Toujours au titre de ce Plan Climat, le ministre annonce, tour à tour,
la réalisation de 35.000 hectares de forêts ainsi que l'aménagement de 175.000
autres, la décontamination et la réhabilitation des décharges (13,5 millions de
tonnes/an) pour produire du biogaz ainsi que l'électrification des moyens de
transport ferroviaire urbain et périurbain, « autant de projets qui devraient
contribuer à réduire les gaz à effet de serre de la part de l'Algérie» a-t-elle
indiqué. Annonçant que plus de 300 entreprises du secteur industriel ont déjà
signé le contrat de performance environnementale depuis la promulgation de la
loi sur la protection de l'environnement en 2003, Mme Dalila Boudjema a, par
ailleurs, fait état de l'introduction d'une «taxe incitative du pollueur
payeur, qui frappe les entreprises aux activités polluantes et dangereuses, et qui
est actuellement recouvrée à hauteur de 85 à 90% » a-t-elle expliqué.
«Aujourd'hui, nous avons les moyens de quantifier le niveau de pollution en
Algérie, avec le laboratoire national de l'environnement et du développement
durable, qui a ses démembrements pratiquement dans toutes les wilayas du pays»
a-t-elle expliqué. L'Algérie «est passée, aujourd'hui, à une étape qualitative
dans le recyclage et la revalorisation de ses déchets, qui deviennent des
impératifs économiques et sociaux, avec la projection de la création de 1,5
million d'emplois d'ici à l'horizon 2025», regrettant, au passage que
«certaines villes du pays font dans la résistance quand il s'agit d'implanter
des centres d'enfouissements techniques, qui sont, pourtant, correctement gérés
par des entreprises publiques, dignes de ce nom» a-t-elle conclu.