L'Association
internationale de la sécurité sociale (AISS) a remis au directeur général de la
Caisse nationale des assurances sociales des travailleurs salariés (CNAS), Dr
Slimane Melouka, un certificat de mérite à la bonne pratique intitulé
?'Assistance des entreprises dans l'évaluation des risques professionnels et la
mise en œuvre de plans de prévention adaptés'', dans le cadre des bonnes
pratiques pour la région d'Afrique. La cérémonie de remise des prix s'est
déroulée lors du Forum régional de la sécurité sociale pour l'Afrique, qui s'est
tenu du 3 au 5 décembre 2014 à l'hôtel Golden Tulip Farah à Casablanca (Maroc),
sous le thème ?'L'excellence dans la sécurité sociale en Afrique''. Cette
coopération consiste en l'assistance personnalisée des organismes employeurs à
travers le financement d'études d'évaluation des risques professionnels avec
métrologie des ambiances de travail, l'information et la sensibilisation sur
sites des travailleurs aux risques relevés et l'accompagnement de l'entreprise
pour la mise en œuvre de plan de prévention. Après cette distinction
internationale amplement méritée par la CNAS, la directrice de la prévention
des accidents du travail et des maladies professionnelles au niveau de la
direction générale de la CNAS, Dr Tiar Fatiha, a bien voulu répondre à ces quelques
questions sur le sujet. Pourquoi cette bonne pratique ? ?'L'exploitation des
informations des statistiques des accidents du travail et des maladies
professionnelles recueillies par la CNAS a permis de constater que certaines
entreprises présentent sur plusieurs années un nombre important d'accidents en
fréquence et en gravité, et génèrent des coûts importants aussi bien au plan
social que financier. Cette problématique a incité la CNAS à développer un
programme d'assistance spécifique en direction de ces entreprises à l'effet de
réduire les accidents du travail, d'appliquer la réglementation relative à
l'hygiène, à la sécurité et à la médecine du travail et de renforcer, voire
d'instaurer, une culture de prévention dans ces entreprises''. Quels sont les
principaux objectifs et résultats attendus de cette bonne pratique ? ?'Cette
pratique intervient dans le but de l'amélioration de la sécurité au travail
ainsi que la préservation de la santé des travailleurs en priorité. Elle a pour
objectif la réduction au niveau de chaque entreprise ciblée de 20 à 50% des
accidents du travail à court et moyen terme et des dépenses y afférentes. Après
identification des causes à l'origine de la fréquence des accidents du travail
et de leur gravité, il est aussi attendu des résultats dans l'exécution du plan
de prévention élaboré et adopté conjointement avec l'entreprise lors du
programme d'assistance, l'application de la législation en matière d'hygiène et
de sécurité par l'entreprise, l'efficience des organes de prévention dans
l'entreprise, et l'amélioration des connaissances des travailleurs sur les
risques et des moyens de s'en prémunir''. Quelle a été l'approche ou la
stratégie innovante suivie pour atteindre les objectifs ? ?'A l'issue de
l'identification des entreprises les plus accidentogènes dans sa base de
données statistiques, la CNAS élabore un programme annuel d'actions et fait
appel aux intervenants spécialisés dans le domaine de la prévention des risques
professionnels pour la réalisation des actions d'évaluation et d'assistance de
l'entreprise et de formation, moyennant un financement par la CNAS. Le
programme élaboré se décline en trois axes d'interventions et consiste en
l'évaluation des risques avec mesurage des polluants chimiques et des ambiances
physiques, l'information et la sensibilisation des travailleurs et employeurs
sur les risques identifiés et des moyens de prévention nécessaires, ainsi que
l'accompagnement de l'entreprise dans la mise en œuvre du plan de prévention.
Sa concrétisation repose sur le recueil des informations relatives aux
situations de travail au niveau des entreprises concernées, l'établissement
d'un diagnostic personnalisé au niveau de chaque entreprise et situation de
risque relevée, l'étude des postes de travail jugés dangereux, la notification
par le DG de la CNAS des résultats aux employeurs concernés, l'information et
la sensibilisation des travailleurs et employeurs sur les lieux de travail de
l'entreprise concernée, le suivi et l'accompagnement des entreprises, notamment
dans la mise en œuvre des recommandations et la mise en place des organes de
prévention, la formation des personnels chargés de la prévention dans le cas
des entreprises à faible capacité financière''. Quels sont les enseignements
qui ont été tirés de l'application de cette bonne pratique ? ?'Le programme
d'assistance sus-cité est axé sur des actions par ciblage des entreprises pour
la réduction des AT/MP et des coûts générés par ces risques. Il s'appuie sur
l'accompagnement personnalisé d'un nombre réduit d'entreprises en raison du
niveau d'expertise élevé mis à la disposition de l'entreprise, moyennant un
financement par la CNAS et la synergie entre les différents intervenants en
prévention pour la réalisation du programme. Cet investissement de la CNAS permettra
à long terme d'avoir des retombées significatives sur la prévention dans
l'entreprise, ce qui profitera aux travailleurs, employeurs et organismes de
sécurité sociale. Cette action peut être reproduite par les institutions de
sécurité sociale dans la mesure de la disponibilité des moyens nécessaires à la
mise en œuvre de ce programme et d'une organisation adéquate''. Qu'est-ce que
l'AISS ? «L'AISS est une organisation internationale qui vise à promouvoir une
sécurité sociale dynamique en tant que dimension sociale dans le contexte de la
mondialisation, en favorisant l'excellence dans la gestion de la sécurité
sociale. Son programme des Prix des bonnes pratiques vise à reconnaître les
bonnes pratiques mises en œuvre dans la gestion de la sécurité sociale. Ils
sont décernés sur une base régionale tous les trois ans, à l'occasion de chacun
des forums régionaux de la sécurité sociale. Pour le forum de 2012, l'AISS a
reçu la soumission de 67 bonnes pratiques de 19 organisations, représentant 10
pays.
A noter que les
deux premières éditions de ce forum ont été hébergées par le Rwanda en 2008 et
par la Tanzanie en 2011».