Les étudiants ont
paralysé, hier, les campus à travers plusieurs régions du pays. En toile de
fond, une colère impossible à retenir contre le système LMD qui, dix années
après son introduction afin d'apporter, normalement, de la qualité et de
nouvelles perspectives, provoque inquiétude et désespoir. Les étudiants en
architecture, les premiers a s'insurger depuis plusieurs jours déjà contre le
flou qui entoure leur avenir, ont dénoncé hier la non-reconnaissance de leur
master par le Conseil national de l'ordre des architectes algériens. Celui-ci
exige un diplôme d'ingénieur d'État en architecture, au détriment du master 2
pour avoir accès au Tableau national des architectes. Les étudiants dans la
filière en question posent une véritable problématique quant à l'intitulé des
diplômes, en l'occurrence architecte d'état selon le système classique et le
Master 2 selon le système LMD. Ce dernier diplôme n'est pas reconnu pour
l'inscription sur le tableau des architectes, car les études dans ce créneau
sont spécialisées, comme le veut le système LMD, c'est-à-dire qu'on peut
trouver des diplômés Master 2 spécialisés en urbanisme, ce qui ne leur permet
pas de figurer, en toute logique, sur le tableau des architectes. Déphasage
juridique ou cafouillage de notions ? Des enseignants estiment qu'il est urgent
d'ouvrir le système classique en parallèle au système LMD pour permettre aux
étudiants de se situer, d'opter selon leur choix et les critères exigés pour
une formation ou une autre. «En Europe, où l'application du système LMD est
assez ancienne, on n'a pas abandonné le système classique, permettant aux
étudiants de suivre leurs études et décrocher le diplôme d'architecte d'état»,
nous dira un membre du Cnes. Selon d'autres spécialistes, les métiers de
l'architecture sont à définir entre les universités et les milieux d'exercice
de ces métiers. Cette question qui secoue le monde estudiantin concerne, donc,
plusieurs parties. En tout cas, estimera-t-il, «il est temps d'évaluer le
système LMD en profondeur, corriger ce qui ne va pas et, surtout, combler les
lacunes juridiques qui ont accompagné le passage du système classique vers le
LMD». D'autres étudiants dans la filière paramédicale et le transport, qui ont
débrayé ces derniers temps, ont renoué hier avec la protesta. «Nos diplômes ne
sont pas reconnus par la fonction publique, pourquoi alors continuer à se
casser les méninges ? Nous exigeons une intervention rapide des autorités
compétentes pour corriger cette défaillance», se lamentaient hier les concernés
devant les portails de l'université Zarzara et l'Institut de formation
paramédicale de Ain El Bey, de Constantine. Le malaise qui secoue les étudiants
est très profond, il s'agit de leur avenir, qu'ils voient incertain. «Pour le
moment, ce sont les étudiants qui montent au créneau, mais je vous assure que
le malaise se propage à l'université, les enseignants aussi peuvent à tout
moment crier leur ras-le-bol», soutiennent des enseignants des Instituts de
formation paramédicale, eux-mêmes «ignorés» par les textes juridiques du
passage vers le LMD. «Autrefois, on travaillait dans des écoles, et ces
dernières ont été transformées en Instituts sans tenir en considération
l'évolution des états de fonction du personnel en exercice», indique-t-on. Une
situation chaotique, si l'on se fie aux cris de détresse des uns et des autres.