|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Les
Saoudiens et les autres monarchies du Golfe ont dicté leur loi à l'OPEP : la
production des pays membres reste inchangée. Message immédiatement traduit au
niveau des marchés par une dégringolade des prix. On est à un baril à 66
dollars, le plus bas niveau depuis 2009. La tendance à la baisse devrait
s'accentuer dans les prochaines semaines et mois mettant à mal les finances des
pays pétroliers les plus peuplés et les plus dépendants des recettes
pétrolières.
L'impact immédiat devrait se ressentir au Venezuela où les autorités appellent déjà à se serrer la ceinture et envisagent des baisses de salaires. L'Iran devrait connaître également des difficultés. Pour l'Algérie - et les autorités n'ont cessé de le marteler - les réserves de change et le Fonds de régulation des recettes peuvent permettre de différer le choc. «L'immédiat» est sauf ! Mais le spectre de la crise du milieu des années 80 - avec ses conséquences politiques et sociales qui se sont étendues sur la décennie 90 - est déjà dans les esprits. Le pain blanc des années 2000 a bien été mangé, le temps des arbitrages douloureux va arriver. Officiellement, les Saoudiens et les autres producteurs du Golfe jouent le marché. Ils disent ne pas vouloir réduire la part de l'OPEP sur le marché qui sera prise automatiquement par les non-membres et par les producteurs américains de pétrole de schiste. Des experts laissent même entendre que l'Arabie Saoudite veut laisser le prix s'enfoncer pour créer des problèmes aux producteurs américains de pétrole de schiste. L'explication laisse un peu dubitatif. D'autres experts estiment que le pétrole de schiste américain reste rentable même à 60 dollars et que l'objectif n'est pas de créer des problèmes aux amis américains mais de dissuader d'autres pays, la Russie et la Chine notamment, d'investir le domaine. L'Algérie aussi par ricochet. C'est un rappel au réel au gouvernement algérien qui a eu tendance, face aux inquiétudes exprimées face à la baisse des réserves pétro-gazières, à faire des hydrocarbures non conventionnels (gaz et pétrole de schiste) comme la «solution» d'avenir. Une panacée pour ne rien changer dans le mode de gestion de l'économie. On découvre, une fois de plus, à travers cette présumée guerre entre le conventionnel saoudien et le pétrole de schiste américain, l'extrême fragilité d'une économie qui dépend totalement de variables externes. La guerre des prix lancée par Zaki Yamani dans le milieu des années 80 a eu un impact considérable sur l'Algérie. Celle que mène, au nom du marché, Ali al-Nouaimi, son lointain successeur, pourrait en être de même. Le fait que d'autres pays sont également concernés n'est pas une consolation. L'Arabie Saoudite et les autres pays du Golfe sont assis sur des réserves financières qui peuvent leur permettre de tenir longtemps avec un baril maigre. Avec un fonds souverain de plus 675 milliards de dollars pour l'Arabie Saoudite, 400 pour le Koweït, 777 pour les Emirats et 170 pour le Qatar, les pays du Golfe ont les moyens de dicter leur loi. Et d'utiliser «l'arme du pétrole» pour affaiblir des pays membres, comme l'Iran. Ou de contribuer à affaiblir la Russie devenue «l'ennemi du parrain». Nos petites réserves de change rapportées au nombre d'habitants ne pèsent pas lourd. L'Algérie n'a pas profité de la décennie du baril fort pour créer une économie diversifiée. La même politique de redistribution inégalitaire de la rente s'est poursuivie. Qui sera intenable si la période du baril maigre se poursuit durablement. |
|