Après plusieurs
mois d'accalmie, les habitants de l'UV 14 à Ali-Mendjeli ont renoué ces
derniers jours avec les affres de la violence. Dans la nuit du mercredi au
jeudi, le quartier a été secoué par de violents affrontements entre bandes
rivales. «Quatre véhicules incendiés, un balcon d' appartement enflammé par un
cocktail Molotov, de grosses pierres lancées de part et d'autre des camps des
belligérants, et des courses poursuites entre des groupes armés d'épées et de
couteaux», c'est le tableau brossé par des riverains. Ces derniers ont parlé de
difficultés de quitter leurs maisons tôt dans la matinée ou de les rejoindre
dans l'après-midi à cause des violentes hostilités en cours entre les habitants
du quartier, les ex-résidents du bidonville de Fedj Errih et ceux de Oued El
Had. Selon les témoignages des habitants, le climat de terreur s'est réinstallé
la semaine dernière avec la reprise graduelle des échauffourées. Nos
interlocuteurs signalent de graves dégâts matériels subis par le CEM, saccagé
par des vandales. C'est la troisième fois que la devanture de ce CEM, tout en
verre, est dévastée par les jets de pierres, et à chaque fois, les autorités
prenaient à leur charge «la casse». Mais, pour cette fois-ci, les choses
pourraient aller d'une autre façon, car le wali avait prévenu lors d'une
rencontre il y a quelques mois avec les représentants des habitants, qu'il ne
prendrait plus à la charge de l'Etat la réparation d'éventuels dégâts qui
toucheraient le CEM. Ce dernier ainsi que l'école primaire et le lycée, n'ont pas
ouvert leurs portes jeudi dernier, car les quelques enseignants qui ont pu
rejoindre leurs postes se sont barricadés à l'intérieur des établissements
scolaires abandonnés par les élèves. «Personne ne pouvait laisser sa
progéniture rejoindre les bancs de classes dans ce climat de terreur, surtout
les filles», avouent des pères de familles. Certains avaient pris les devants
en inscrivant leurs enfants dans des établissements lointains, dans la
périphérie du centre-ville de Constantine, alors même que la situation était
calme lors de la dernière rentrée scolaire. «Je savais que la situation pouvait
basculer pour un rien dans la violence, c'est pour cela que j'ai inscrit mon
fils dans un lycée très loin de la région, quitte à débourser gros pour ses
déplacements et sa restauration», nous dira un père de famille. D'autres,
totalement désespérés de la situation, projettent sérieusement de quitter les
lieux. «Pour vendre le logement, c'est presque impossible, il n'y a pas
preneur, personne ne viendrait habiter à l'UV 14, alors je me suis mis à
chercher un appartement à louer dans un endroit clément. Je ne peux plus partir
au travail avec l'esprit torturé au sujet de la sécurité de ma famille»,
renchérit un père de famille. Les services de sécurité signalent, dans un
communiqué reçu hier à notre rédaction, qu'ils ont mis en place un dispositif
sécuritaire pour ramener le calme dans ce quartier durement éprouvé. Ajoutant
dans ce contexte qu'un individu, âgé de 26 ans, a été arrêté dans la matinée
d'avant-hier, dans un chantier de construction à l'UV 14, en possession d'une
épée. Il a été placé le même jour en détention préventive par le procureur de
la République près le tribunal d'El-Khroub. En matière de port d'armes blanches
prohibées, les habitants ironisent en affirmant que certains énergumènes se
baladent avec des épées plus grandes qu'eux !