Rarement la salle
de conférences de la maison de la culture Abdelkader Alloula de Tlemcen avait
accueilli un tel parterre de personnes handicapées, conviées par l'union des
handicapés moteurs de la wilaya de Tlemcen (créée le 10 octobre 1984), pour une
journée pour l'emploi des handicapés, intitulée «Les dispositifs de soutien
pour l'emploi des personnes handicapées», s'articulant autour de deux
événements majeurs : le matin, ouverture de deux stands d'exposition de
l'Agence nationale de soutien à l'emploi des jeunes (ANSEJ) et l'Agence
nationale de gestion du micro-crédit (ANGEM), et allocution du président de
l'union des handicapés moteurs de la wilaya de Tlemcen, Mohamed Tourabi, sur les
préoccupations et revendications des handicapés moteurs de la wilaya. Ensuite,
deux conférences-débats «Le rôle du handicapé dans l'innovation et l'emploi»
animé par le professeur d'université M. Benaroussi, puis «Le dynamisme chez le
handicapé'' par docteur Hanane Rachi de l'université de Tlemcen. A l'occasion
de cette journée, les handicapés des deux sexes venus des différentes localités
de la wilaya, ont tiré la sonnette d'alarme : la situation de l'emploi des
personnes handicapées est grave, la mobilisation de l'ensemble des acteurs est
indispensable dans le champ de l'insertion socio-économique, l'intégration
professionnelle des handicapés, les logements au profit de cette catégorie
sociale, l'augmentation de l'allocation mensuelle de 4000 dinars en raison de
la cherté de la vie qui les pénalise lourdement.
Au cours de son
intervention à l'ouverture de cette journée, le président de l'union des
handicapés moteurs, M. Mohamed Tourabi, a lancé un appel à tous les
intervenants locaux, notamment, les chefs d'entreprises locaux et les
professionnels du recrutement, d'agir en faveur de l'emploi des personnes
handicapées, de leur assurer la réussite des parcours par la mise en œuvre des
aménagements éventuels de travail, et les soutenir pour résoudre leurs problèmes
(éventuels) périphériques (transports, santé, etc.), tout en leur garantissant
les modalités relatives à l'intégration du salarié (administratif, paye, aides)
ainsi que la qualité de leur accueil au sein du collectif de travail (présence
lors de l'intégration, sensibilisation des équipes, ?). «Les handicapés doivent
avoir des possibilités de gagner leur vie sans éprouver le besoin de tendre la
main. Seul un emploi peut les amener à dépasser leur situation de handicap»,
a-t-il dit. Au-delà d'une situation socioprofessionnelle de plus en plus
préoccupante, les handicapés sont aussi confrontés plus que d'autres à une
mobilité réduite due à une diminution de leurs capacités de déplacement dans
l'espace public. De ce fait, une grande partie des bâtiments
publics et privés, des moyens de transports, des loisirs, des voies publiques,
des logements, des services leur sont inaccessibles. «Nous souhaitons que les
pouvoirs publics et les gestionnaires de lieux accessibles au public, tels que
les restaurants, cafés, maisons de jeunes, sites touristiques etc. améliorent
les conditions de vie des personnes à mobilité réduite en leur offrant une
accessibilité et un aménagement des espaces de vie adéquats», a ajouté M.
Mohamed Tourabi. Il n'est pas facile, parfois même impossible, pour les
handicapés qui essayent de se déplacer dans les rues d'une ville en fauteuil
roulant de se faufiler sur les trottoirs encombrés. Pire, pour ceux qui
essaient de monter ou descendre les marches d'un bus ou d'un train ! Lors de
cette rencontre un handicapé, Amzal Hocine, 52 ans, qui souffre d'une
trachéotomie, est venu nous exposer son problème relatif au non remboursement
par la sécurité sociale de la canule interne parlante. Selon lui, cet appareil
permettant d'assurer une respiration en excluant les voies aériennes
supérieures par l'ouverture de la face antérieure de la trachée, le plus
souvent dans le cadre d'une laryngectomie totale et abouchement de la trachée à
la peau par une plastie, coûte près de 99.500, 00 DA. La main sera-t-elle
tendue à ces handicapés ?