C'est là une histoire à ne surtout pas raconter aux mioches
de peur de les voir perdre leurs dents. Parce que toute sa vie durant,
Chalachou a été usé, abusé, (dés) abusé, taxé, (re) taxé, ponctionné, embobiné,
embobeliné, embabouiné, emberlificoté, il décida, avant le grand départ pour le
monde des Allongés, de léguer au monde des Debout (s), laissé derrière son dos
arqué, un message crypto-testamentaire, peu accessible à l'esprit trop carré des
bipèdes. Avant d'avaler son acte de naissance, Chalachou, voulut battre
publiquement sa coulpe, en reconnaissant, dans un fou rire agonisant, que si
l'argent n'a jamais fait le bonheur de personne, alors pourquoi lui, l'ultra
argenté, il ne l'a jamais rendu à ceux qu'il a, toute sa vie durant, volé? sans
jamais compter? Acte fondateur de tout pouvoir dit «positif». Pour Chalachou,
après l'argent, il y a le flouze, puis l'oseille, vient juste après de l'argent
encore, puis encore le pognon et ensuite le blé, la galette fraîche, puis
encore et toujours la thune et enfin le trésor? Parce qu'après l'argent, il y a
la mort, le néant au-delà, puis plus rien du tout. A l'article non écrit de la
Faucheuse, Chalachou se regarda, pour la dernière fois de sa vie, dans un
miroir sans tain, pour déclamer d'une voix d'orfraie que beaucoup de blé nuit
au blé. Un peu comme celui qui clamse d'une overdose? de bonheur ; après une
vie délavée de grand malheur !? Alors en quittant son monde à lui, Chalachou se
souvint que celui qui a de l'argent, met dans ses deux poches, celles de devant
et celles de derrière, tous ceux qui n'en ont pas. Démarrant de ce vrai faux
postulat, Chalachou, avant de passer, avec un sourire mi-jaune mi-blasé, vers
l'autre monde, se rendit compte que l'argent, c'est bien tout ce qui lui reste
lorsqu'il aura tout perdu. Il décida alors de léguer un message écrit sur du
papier mâché à tous ses congénères du douar qui passeront toute leur vie en
noir et blanc à essayer de le décoder sans jamais arriver à déflorer le sens
réel de la lettre cabalistique de Chalachou. Et Chalachou écrivit: «Moi
Chalachou, en picorant toute ma vie dans la main calleuse des sans-le-sou, je
compris pourquoi mes terres aussi vastes que mon appétence monstrueuse, ne
donnèrent jamais du bon blé et brûlèrent toutes, écrasées sous les pas trop
lourds de vos vies de loosers enguenillés. C'est pourquoi avant de fermer les
yeux à jamais, j'ai décidé de cacher dans mon estomac sans fond tout votre pain
noir avant de vous crever vos yeux avec ma baguette en blé empoisonné. Parce
que de ma mort à moi Chalachou, naîtra un litige sans fin, ensuite adviendra le
grand déluge qui vous noiera tous dans la paume creuse de vos mains trop
souillées, pour prétendre à un traître sou?». Ainsi, aimait parler Chalachou au
peuple des sans-le-sou!