Le déclenchement
des procédures réglementaires et disciplinaires contre les grévistes, dont
l'envoi des mises en demeure pour une reprise de service dans l'immédiat, ainsi
que les menaces de suspension des travailleurs grévistes et les ponctions
annoncées sur les salaires pour les journées non travaillées, n'ont pas
affaibli le mouvement de protestation des économes, en grève pratiquement
depuis la rentrée scolaire, un record d'amplitude sur le plan des protestations
vécues par le secteur ces dernières années. Alors que le premier trimestre
s'achève bientôt (vacances d'hiver au mois de décembre prochain), la situation
n'a pas évolué d'un iota pour les intendants des établissements scolaires. Les
timides négociations engagées entre les deux parties, tutelle et représentants
syndicaux des grévistes, n'ont pas abouti à un terrain d'entente synonyme de
fin du conflit. «L'échec» des discussions avec le ministère de l'Education
nationale s'est encore confirmé, hier, à l'issue des assemblées générales
organisées samedi 22 et dimanche 23 novembre à travers toutes les wilayas du
pays pour débattre du sort à donner au mouvement de contestation à la lumière
des résultats de la rencontre du 20 et 21 novembre qui a regroupé les
représentants des parties en conflits, la tutelle et les grévistes en
l'occurrence. «La rencontre avec les représentants du ministère de l'Education
n'a pas donné de résultats satisfaisants, on nous a présenté des promesses
alors que nous demandons du concret», a estimé d'emblée le coordinateur des
intendants à Constantine, M. Abdelmalek Khadraoui. Ce dernier précisera
toutefois que les résultats de la rencontre du 20 et 21 novembre avec la
tutelle ont été présentés aux travailleurs lors des assemblées générales tenues
(hier et avant-hier) à cet effet à travers tout le territoire national, car la
décision finale appartient aux travailleurs, «le dernier mot leur revient même
si nous, en tant que syndicalistes, on n'est pas satisfaits de ce qu'on nous a
proposé», souligne-t-il encore. Résultat des assemblées générales: les
intendants grévistes ont décidé à l'unanimité de poursuivre leur mouvement de
grève, a-t-on appris hier dans l'après-midi auprès des syndicalistes, jusqu'à
satisfaction totale des revendications dont l'essentiel relève de l'introduction
dans leur grille de salaire des primes de pédagogie, à savoir la prime de la
performance pédagogique (IEPP), les primes d'encadrement, de caisse et de
responsabilité, ainsi que l'actualisation de l'arrêté ministériel n° 829 du 13
novembre 1991 portant fonctions et missions des personnels des services
économiques du secteur de l'Education, et la révision du décret n° 12/240
modifiant et complétant le décret n° 08/315 portant statut particulier des
travailleurs de l'Education. Du coup, la tension monte d'un cran. Le
durcissement de la position du ministère qui a instruit ses directions locales
pour entamer les procédures réglementaires et disciplinaires à l'encontre des
grévistes en faisant valoir dans ce sens la décision de la justice qui déclare
l'illégalité de la grève, n'est pas faite pour améliorer la situation. Des
mises en demeure ont été envoyées par voie recommandée aux grévistes après que
ces derniers ont refusé de signer la notification qui leur a été adressée par
l'administration. La réglementation exige trois notification avant de mettre
les concernés en situation d'abandon de poste et les suspendre de leur
fonction, soit une évolution de mal en pis. Fuite en avant des uns,
jusqu'au-boutisme des autres, tant d'ingrédients qui font craindre sérieusement
une grave dégradation des relations avec le partenaire social, l'Unpef en
particulier auquel se trouvent affiliés les fonctionnaires des services
économiques.