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Education : Benghebrit charge les syndicats

par M. Aziza

La ministre de l'Education Nouria Benghebrit doit faire face aux problèmes socioprofessionnels du secteur et d'autres d'ordre administratif allant de la construction des écoles à la question des cantines et des chauffages.

Elle a comptabilisé 45 rencontres avec les syndicats sans garantie de stabilité, et elle sillonne le pays pour résoudre des problèmes de gestion, de surcharge de classes au détriment du volet pédagogique. Une question qui lui tient tellement à cœur. C'est un véritable SOS, lancé hier, par la ministre lors de son passage au forum d'El Moudjahid. Elle a demandé aux syndicats qu'ils aient un peu de compréhension, de réalisme et de pragmatisme en prenant en compte «la pression qui prévaut dans le secteur actuellement». «Je ne suis pas et je ne peux pas être l'ennemie des administrés».

Elle réclame un peu de temps et de stabilité dans le secteur pour engager des réformes dans le volet pédagogique. Elle a affirmé que «l'école a besoin de militants, l'école a besoin qu'on la défende, l'école a besoin d'un véritable engagement à la fois personnel et collectif même si je reconnais qu'il y a toujours des problèmes qui ne sont pas réglés».

La ministre fait référence à la grève des intendants qui a trop duré. «Ils sont à leur 3ème mois de grève mais le taux de suivi reste faible, il est à 26% seulement, et je remercie ceux qui ont préféré la sagesse», a-t-elle souligné. Elle ajoute que dans certaines wilayas qu'elle n'a pas voulu citer, «le taux de suivi de la grève est passé aujourd'hui, de 80% à 0%». La ministre a précisé qu'elle n'a pas déposé plainte contre les grévistes, mais elle a eu recours au tribunal administratif pour simple arbitrage. «Trouvez-vous anormal qu'un employeur fasse appel à un arbitrage pour rappeler ses administrés, représentés à travers des syndicats, à l'ordre ?» s'est-elle interrogé. «Je suis aussi étonnée, stupéfaite devant des personnes qui trouvent anormal le fait que l'administration décide de faire des ponctions sur salaire sur des grévistes qui sont en débrayage depuis 3 mois. Donc, ce qui est normal c'est de faire une grève ouverte qui dure dans le temps et il faut que les grévistes soient payés en conséquence ?». Benghebrit affirme, dans ce sens, qu'il faut dissocier l'application des lois de la République et la mission du ministre de l'Education qui est purement pédagogique. «Nous avons une grande responsabilité ; nous avons plus de 8 millions d'élèves et 700.000 fonctionnaires au service de l'éducation des enfants», a-t-elle souligné. Elle s'est dit dans ce cas obligée d'appliquer la loi en procédant à des ponctions sur les salaires.

La première responsable du secteur a affirmé qu'après 3 jours de grève des intendants, il y a eu une rencontre avec les représentants des grévistes et des engagements ont été pris pour résoudre les problèmes qui sont du ressort du secteur de l'éducation. Jugeant leur revendications de légitimes, Benghebrit a affirmé que sur les quatre revendications principales, trois ont été satisfaites à savoir la réorganisation de l'examen professionnel et de promotion, les deux primes «des examens et de la vente du livre suite un accord avec l'ONPES» et la question des accréditations de rattachements des intendants en faisant appel auprès du ministère des Finances. Elle explique qu'une seule revendication est en négociation avec le gouvernement, celle relative à l'octroi de la prime de l'expérience pédagogique. Les autorités ont refusé l'octroi de cette prime aux intendants sous prétexte que ces derniers ne sont pas dans le corps pédagogique mais seulement dans le secteur de l'éducation.

Sur l'insatisfaction de certains syndicats après 45 rencontres, la ministre rappelle que suite à des négociations avec les représentants du gouvernement, 34 revendications ont été satisfaites et deux seulement sont restées en suspens. Elle a estimé que cela est déjà positif en attendant la suite qui viendra avec le temps. Mais, elle a affirmé que certains syndicats veulent imposer leur diktat. «Pour eux les négociations ou les consultations, c'est d'obliger l'administration à appliquer à la lettre les revendications sans droit de négocier ni le temps d'application ni les modalités». Elle poursuit, «leur principe est de répondre aux revendications aujourd'hui, maintenant, tout de suite sinon je suis en grève». Pour elle «cette conception des choses est en fait un chantage et non pas des négociations».

Elle a affirmé avec exaspération qu'elle reçoit, tout le temps, des lettres. «Les gens sont fatigués par l'ampleur des grèves répétées, des grèves enclenchées sur n'importe quelle préoccupation», a-t-elle martelé. Elle affirme qu'elle n'a pas fermé les portes du dialogue et qu'elle a donné beaucoup d'intérêt aux problèmes socioprofessionnels des fonctionnaires du secteur. «J'ai transmis leurs revendications à tous les secteurs et j'attends les réponses», a-t-elle souligné. Elle a appelé les syndicats à faire confiance à la démarche de son département et au gouvernement pour résoudre les problèmes du secteur. Elle donne des garanties. «Avant le mois de juin, on pourra régler les problèmes des professeurs techniques des lycées techniques (PTLT)». La ministre a reconnu qu'ils ont été victimes de la réforme et des statuts.

Compte tenu des problèmes auxquels est confronté le secteur, qu'ils soient légitimes ou pas, la ministre plaide pour la mise en place d'un organe régulateur qui trouvera la juste mesure pour répondre aux exigences des fonctionnaires du secteur. Un organisme qui fixera le minimum à assurer dans le cadre de l'éducation en tant que service public. Par rapport aux revendications des fonctionnaires «on a besoin d'un organe qui prendra en ligne de compte une sorte d'arbitrage entre le service public et les exigences en termes de revendications socioprofessionnelles».

La ministre a également précisé qu'un conseil national de l'éducation et de la formation ainsi que l'observatoire de l'éducation nationale seront installés au mois de décembre prochain.

LES ECOLES PRIVEES SOUS LA LOUPE

Bien que les écoles privées ne représentent que moins de 1% dans le secteur de l'éducation, le département de Nouria Benghebrit a décidé d'engager un programme de suivi rigoureux à l'ensemble des écoles privées par le biais d'inspecteurs du ministère formés spécialement dans le contrôle du contenu et le suivi. Elle a affirmé qu'il y a des écoles privées qui ont «0% de réussite au bac et d'autres en ont eu 100%». Un plan de redressement s'impose compte tenu de ces résultats. Elle a également affirmé que leur grande majorité travaille et fait des efforts et si parfois il y a quelques dérives, elles ne sont pas toutefois chez le privé seulement, elles sont aussi enregistrés dans le secteur public. Elle précise qu'il est nécessaire de réviser le cahier des charges et souligne qu'il faut inscrire l'obligation des résultats dans ce cahier. Elle précise qu'aucun établissement public n'a eu 0% de réussite, malgré tous les problèmes.

La ministre de l'Education a reconnu qu'il y a un déficit en matière de personnel que ce soit pour les enseignants ou pour les adjoints de l'éducation par le fait qu'il y a eu un nombre important de départs en retraite. Elle a affirmé qu'une instruction a été donnée pour que les demandes de retraites anticipées se fassent une année avant le départ. Sur le manque en matière d'adjoints de l'éducation, la ministre rassure que près de 4000 adjoints de l'éducation seront recrutés dès le mois décembre prochain.