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Dans un court
«aide-mémoire» transmis à une délégation de l'Union européenne, qu'il a
rencontrée, hier, à Alger, Ali Benflis, ex-candidat à la dernière élection
présidentielle, ancien chef de gouvernement, et fer de lance de l'opposition
contre le président Bouteflika, réclame une transition «démocratique», en
Algérie. Après avoir fait le point sur la mise en place d'une opposition au
«régime» de Bouteflika, une structure «commune dénommée : Instance de Suivi et
de Concertation de l'Opposition (ISCO)» , Ali Benflis va droit au but, en
réclamant une transition démocratique. «Nous sommes, tous d'accord, au sein de
cette opposition, pour que cette transition soit consensuelle, graduelle et
pacifique», écrit-il, dans son aide-mémoire, remis à la délégation de l'UE.
Revenant sur les «conditions, plus que contestables, dans lesquelles se sont déroulées les dernières élections présidentielles», il a indiqué que les Algériens, «compte tenu de la crise politique manifeste, à laquelle le pays est confronté», sont face à trois grands défis à relever. Benflis estime, d'abord, qu'il y a «aujourd'hui, en Algérie, une véritable crise de régime qu'il nous faut régler», ensuite «une transition démocratique à organiser» et «la nature de notre régime politique à changer, en opérant le passage d'un pouvoir personnel à un pouvoir démocratique». Ce qui permet à M. Benflis de relever qu'il a, avec l'opposition rassemblée au sein de l'ISCO, envisagé de mettre en place une «démarche pour prendre en charge l'ensemble de ces trois défis, à travers ce que nous appelons -un processus global de règlement de la crise politique», en Algérie. Le règlement de la crise politique actuelle, selon M, Benflis, est d'abord de régler la question de la crise du régime et de constater la vacance du pouvoir, et l'arrêt du fonctionnement des institutions étatiques. Il relève ainsi que «le Conseil des Ministres ne se réunit plus que très rarement et le Parlement n'a fait passer, en moyenne que 7 lois par an, sur l'ensemble de la dernière décennie. M. Bouteflika a opéré une telle concentration des pouvoirs, entre ses mains, que maintenant que ses capacités sont affectées, les autres institutions sont condamnées à l'inactivité. «La troisième raison est que l'Algérie ne dispose pas d'institutions légitimes, de la base au sommet. Toutes nos institutions : la Commune, l'Assemblée de wilaya, le Parlement et le président de la République sont, devenues le produit de la fraude», écrit-il encore. Il poursuit: «nous avons donc, aujourd'hui, dans notre pays une crise constitutionnelle liée à la vacance du pouvoir, une crise institutionnelle puisque les institutions n'assument plus leurs prérogatives, normalement, et une crise de légitimité de ces institutions». Comment donc régler cette crise politique? PRESIDENTIELLE ANTICIPEE Par le retour aux urnes, avec l'organisation d'élections présidentielles anticipées, sur la base de la vacance du pouvoir, laisse t-il entendre. «Ce type de crise ne se résout que d'une seule façon, partout dans le monde : le retour aux urnes et au suffrage populaire», écrit-il sur cette question, ajoutant que «c'est ce que nous demandons, en insistant sur le fait qu'un tel retour aux urnes devra s'effectuer, impérativement, sous l'autorité d'une instance indépendante, transparente et crédible». La seconde étape du «plan de sortie» de crise, selon Benflis, sera consacrée «à l'organisation de la transition démocratique» qui serait «organisée et conduite par les forces politiques légitimes et représentatives, que la première étape aura fait émerger, de manière incontestable». Dès lors, «un gouvernement d'union nationale serait mis en place pour gérer la transition et pour conduire les grandes réformes politiques, économiques et sociales qui exigent le consensus national, le plus large», et, pour consolider le processus «un pacte pour la transition serait adopté et codifierait des engagements politiques contraignants pour prémunir cette transition contre les dérapages toujours possibles», prévoit l'ex-chef de gouvernement des années 2000, pour une sortie de «la crise politique actuelle». Cette phase sera suivie par «une nouvelle Constitution (rédigée en large association) avec toutes les forces politiques», un mandat présidentiel, de 5 ans, sera instauré pour «réaliser l'ensemble de ces tâches. Ce serait, en fait, un mandat-transition», estime t-il. Enfin la troisième étape de ce processus de la transition démocratique, selon Ali Benflis, «serait celle du changement de la nature de notre régime politique, c'est-à-dire passer d'un pouvoir personnel à un pouvoir démocratique», mais, précise t-il : «cela prendra du temps. Il termine son «aide-mémoire», en imputant à la révision constitutionnelle, de 2008, ce qu'il appelle «crise de régime», estimant que sans «elle» (la révision de la Constitution) «nos avancées démocratiques auraient pu se poursuivre, progressivement. Cette révision constitutionnelle a enfermé notre pays dans le piège du pouvoir personnel à vie et peut être même du pouvoir héréditaire». |
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