En marge de l'inauguration aux côtés du Premier ministre Abdelmalek
Sellal de l'usine Renault de Tlélat, fruit du partenariat entre l'entreprise
française et la SNVI, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent
Fabius, a fait une déclaration qui a dû échauffer les oreilles à Rabat. Il a en
effet fait état de l'existence d'un axe de coopération entre l'Algérie et la
France qui va être développé davantage et renforcé sur les plans politique
économique et culturel. Une perspective qui, on s'en doute, n'est pas du goût
du trône et du Makhzen marocains qui ne peuvent voir dans sa concrétisation que
menace pour l'alliance privilégiée qui lie leur pays à la France, a fait que
celle-ci leur a permis de compter sur le soutien inconditionnel de Paris. L'axe
Alger-Paris s'est dessiné suite à la visite d'Etat effectuée en Algérie par
François Hollande au lendemain de son élection à la présidence. Le
rapprochement algéro-français auquel elle a donné lieu a été étayé d'un
partenariat entre les deux Etats incluant le volet politique de leurs
relations. Ce qui a incontestablement jeté du froid entre Paris et Rabat.
Depuis, les autorités marocaines n'ont fait de lecture des «anicroches»
survenues dans les relations franco marocaines que sous l'angle d'une prétendue
montée en puissance du lobby «pro algérien» dans les sphères du pouvoir
français. La parade que le trône et le Makhzen, pensant être en mesure de
briser la dynamique de construction d'un axe Alger-Paris, est celle consistant
à envenimer les rapports algéro marocains et à en imputer les responsabilités
aux autorités algériennes. C'est pourquoi l'on assiste aux violentes diatribes
anti-algériennes qui se sont déchaînées ces derniers mois dans le royaume
marocain présentant l'Algérie comme cause et instigatrice des déboires politico
diplomatiques que subit leur pays, voire même de ses difficultés économiques.
Les gribouilles ayant lancé cette opération de diabolisation ont fait le calcul
qu'elle entraînerait l'Algérie a se départir de la sérénité dont elle fait
preuve face aux provocations venant de l'autorité marocaine, et par ses
réactions redonner arguments au bobby pro marocain en France pour remettre en
selle l'antienne d'un royaume pacifique en voie de démocratisation mais mis en
péril par un voisin aux ambitions menaçant la stabilité de la région et les
intérêts français. Le piège a été éventé du côté algérien où l'on se limite à
déplorer le recours par la partie marocaine à des procédés qui portent
atteintes à la fraternité séculaire entre les deux peuples mais n'emmèneront
pas l'Algérie à user de similaires. Lamamra, le chef de notre diplomatie, a
parfaitement explicité la position algérienne face à la déferlante anti-algérienne
orchestrée par le Makhzen et la bénédiction royale en affirmant que l'Algérie
et les Algériens ne répondent pas à ce qui étant excessif en est insignifiant.
Ce qui ne veut pas dire que l'Algérie laisse le Maroc s'en prendre à elle au
plan international. Sa diplomatie redevenue offensive et incisive se charge de
lui damer le pion en mettant à nu sa stratégie de fuite en avant devant des
problèmes dont il est le seul à empêcher les règlements par la voie du dialogue
pacifique et dont il a été à l'origine.