Cinq accusés dont
le présumé auteur du crime dont a été victime un quinquagénaire, dix avocats,
quinze témoins, neuf victimes ayants droit (les membres de la famille du
défunt) et une salle d'audiences pratiquement archicomble.
Tel était le «
décor » planté pour la quatorzième affaire enrôlée pour cette troisième session
du tribunal criminel près la Cour de justice de Médéa, pour cette année 2014.
Une affaire d'homicide volontaire avec préméditation qui a été traitée,
mercredi dernier, de 9h à 22h, et dont les faits remontent, selon l'arrêt de
renvoi, établi par la chambre d'accusation compétente, à ce fatidique mercredi
25 décembre de l'année dernière quand le fils de la victime alerta, dans la
soirée de ce même jour, les éléments de la brigade territoriale de la
Gendarmerie nationale de Bouchrahil, chef-lieu de commune, relevant de la daïra
de Béni Slimane et situé à 59 km, au sud-est de Médéa, sur la disparition de
son père qui avait quitté le domicile familial, tôt le matin , à bord de son
véhicule de marque Toyota-Hilux. Des recherches sont alors entamées et
débouchent, cinq jours après, sur la découverte du cadavre de la personne
disparue, à la lisière d'une forêt proche de « Makam Echahid » de cette commune
de Bouchrahil. Un cadavre en état de décomposition qui portait des blessures
profondes à la tête et dans le dos, donnés apparemment par un objet tranchant.
L'enquête approfondie menée par les éléments de la Gendarmerie nationale de Bouchrahil
ne tarda pas à donner ses fruits et déboucha sur l'interpellation d'un premier
suspect, Billal Y., âgé alors de 23 ans, qui allait s'avérer, par la suite,
être l'auteur principal de cet abominable crime. Pressé de questions, ce
dernier « donnera » les noms de ses quatre complices qui ne sont autres que
Merouane son frère (32 ans), ses deux oncles Mohamed (46 ans) et Abdelkader (49
ans), et Nadji son beau-frère, qui furent interpellés et placés, tous, sous
mandats de dépôt. Lors de son long interrogatoire, mené par M. Mohamed Martil,
le président de ce tribunal criminel près la Cour de justice de Médéa, Billal
Y. fera preuve de trop de contradictions par rapport à ses premières
déclarations, faites devant la police judiciaire puis devant le juge d'instruction.
Comme il « campera », durant presque tout l'interrogatoire, sur le motif qui
l'avait amené à assassiner Mohamed Y : « Il avait eu sur moi deux actes contre
nature, avec mon consentement certes, mais il avait continué à me harceler
sexuellement car je lui devais une dette financière de 2,5 millions de
centimes. » Et le président du tribunal de lui répondre : « Maintenant, c'est
devenu à la mode. Lorsque la victime est décédée, assassinée, l'auteur du crime
lui colle cette histoire d'acte contre nature sur sa personne ! » Appelés à la
barre, le frère et les deux oncles de l'accusé, poursuivis pour non
dénonciation de crime, feront preuve, eux aussi, de contradictions dans leurs
réponses au président du tribunal, et reviendront, ainsi, sur leurs premières
déclarations faites durant l'instruction du dossier. Quant au quatrième et
dernier accusé, le beau-frère de Billal, poursuivi pour non dénonciation de
crime et recel d'objet volé, le véhicule de la victime en l'occurrence, « Il a
été le seul à n'avoir rien changé dans ses premières déclarations en
reconnaissant avoir acheté un véhicule de provenance douteuse, de l'avoir
dissimulé et de n'avoir pas dénoncé le crime dont il venait de prendre
connaissance de la part de Mohamed, l'oncle de l'accusé », dira le président du
tribunal. Une affaire dont le verdict prononcé à 22h passées, a été de 20 ans
de prison ferme à l'encontre de Billal Y, le principal accusé qui a bénéficié
des circonstances atténuantes. Quinze mois de prison ferme et 2 millions de
centimes d'amende à l'encontre de Nadji, le beau-frère de l'accusé. Six mois de
prison avec sursis et 2 millions de centimes d'amende chacun à l'encontre de
Merouane, Mohamed et Abdelkader.