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La psychiatrie n'est plus un tabou : Une nette augmentation des consultations

par Mokhtaria Bensaâd

Si consulter un psychiatre était un sujet tabou, il y a quelques années, la situation a évolué de nos jours, selon les spécialistes. L'indice révélateur de cette évolution, nous a expliqué le Dr Abderrahmane Haddadj, psychiatre et président de l'Association des psychiatres d'Oran (APO), rencontré à la 2e journée psychiatrique, organisée jeudi à l'hôtel Sheraton, est l'augmentation des consultations psychiatriques par rapport aux années passées. «Le tabou commence à disparaître. Les gens commencent à prendre conscience de la nécessité de consulter un psychiatre au moindre trouble du comportement», nous confie ce spécialiste, «cette prise de conscience est le fruit de la médiatisation et l'information sur le rôle du psychiatre».

Ce qui est extraordinaire, selon le Dr Abderrahmane Haddadj, est l'apparition d'un phénomène nouveau, celui du malade qui, après avoir consulté un psychiatre et pris en charge, oriente à son tour d'autres malades, cousins, voisins ou amis vers ce spécialiste. Mais face à cette évolution, les psychiatres expriment leur regret que les cures maraboutiques existent encore et «c'est très difficile de s'en détacher», a souligné ce spécialiste.

L'autre phénomène qui s'est développé est la dissociation de la famille algérienne. Avant, la famille prenait en charge le malade atteint de troubles mentaux et tolérait la maladie, mais de nos jours, «pour le moindre trouble du comportement, le malade est emmené à l'hôpital psychiatrique. C'est ce qui explique la surcharge de travail sur les établissements hospitaliers qui n'arrivent plus à prendre en charge tous ces malades», a estimé le président de l'APO qui nous fera remarquer que «la société algérienne était communautaire mais maintenant on se dirige vers l'occidentalisation et l'individualisme».

Pour faire sortir cette maladie complètement du tabou, les psychiatres insistent sur le fait qu'un malade atteint de troubles psychiatriques ou psychiques doit être considéré comme les autres malades. Grâce à la neuroscience, un malade mental peut retrouver une vie normale après traitement et peut être réinséré sur le plan socioprofessionnel.

Parlant de cette spécialité qui commence à être valorisée, le Dr Abderrahamane Haddadj souligne que «la psychiatrie est une spécialité lourde qui demande de la part de la personne qui veut suivre ce cursus une prédisposition à exercer cette profession et à absorber l'angoisse des autres. Nous constatons que chaque année, quatre à cinq psychiatres décèdent par crise cardiaque». Une situation qui commence à inquiéter au sein de la corporation.

Sur la prise en charge des malades, le même spécialiste considère que les choses commencent à bouger, grâce au mouvement associatif et aux efforts de l'Etat pour la prise en charge des malades, sachant que «nous sommes le pays le plus favorisé en matière de couverture sociale».

Plusieurs thèmes ont été débattus lors de cette rencontre dont, «Violence conjugale», «Violences sexuelles entre les jeunes», «La dimension religieuse et son impact sur le risque suicidaire», «Une loi sur la psychiatrie, oui mais quelle loi», «Addiction et comorbidités psychiatriques», «Alcoolisme et agressivité», «L'immolation», «Psycho trauma» et «Impact et réaction des parents au début de la schizophrénie chez leurs enfants».