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Les travaux du
tribunal criminel près la Cour de justice de Médéa, pour sa 2ème session, de
cette année 2014, ont débuté par une audience qui a été caractérisée par le
refus catégorique de l'accusé de parler, de dire quoi que ce soit, malgré
l'insistance persistante de l'expérimenté président de ce tribunal criminel, M.
Mohamed Martil. Un accusé d'homicide volontaire avec préméditation et
guet-apens, sur la personne de son propre cousin.
Une affaire dont les faits remontent, selon l'arrêt de renvoi, établi par la chambre d'accusation, au vendredi 11 octobre 2013, juste après la prière, à 3 jours des fêtes de Aïd El-Adha, dans le paisible quartier de Takbou, un des plus anciens de la ville de Médéa, quand Zakaria M.M., né en 1989, porta pas moins de 9 coups de couteau, au cou et à l'abdomen de son propre cousin, Imad-Eddine M.M., de 4 ans plus âgé. Evacuée d'urgence à l'Etablissement public hospitalier (EPH) Mohamed Boudiaf de la ville, la victime décèdera moins d'une heure après le drame, au cours de l'opération chirurgicale qui avait été tentée par les médecins, des suites de ses graves blessures. Ainsi, devant le silence observé par l'accusé, le président du tribunal donnera la lecture des déclarations faites par l'accusé, devant le juge d'instruction et qui font état d'une agression, par deux fois, dont se serait rendu coupable Imad-Eddine sur son cousin Zakaria, il y a de cela plus de 17 ans . D'où l'esprit de vengeance qui avait germé dans la tête de Zakaria, jusqu'à cette journée fatidique, du vendredi 11 octobre 2013. Devant l'inexistence de témoins oculaires directs de ce drame, le président du tribunal appellera à la barre, pas moins de 8 personnes dont notamment le père et la petite sœur, âgée de 17 ans, de l'accusé et le père de la victime, d'autres membres de cette famille ainsi que des voisins proches. Ceci afin de cerner, plus ou moins, la personnalité de l'accusé qui a été qualifié, par les membres de sa famille, de «solitaire, recroquevillé sur lui-même, boudant pour un rien ses parents comme ses frères et sœurs, ses beaux-frères? pendant de longues périodes, victime de troubles du comportement?» Entamant sa plaidoirie, l'avocat de la partie civile dira : «Nous ne demandons aucun dédommagement financier car tout l'or du monde ne nous rendra pas Imad-Eddine dont l'avenir très ambitieux, ses études supérieures venant tout juste d'être terminées, a été freiné par ces neuf coups de couteaux. Un acte prémédité qui ne mérite, aucune indulgence, et encore moins les circonstances atténuantes. Nous demandons, simplement, que justice soit faite et rendue, à la mesure de cet acte meurtrier atroce, volontaire et gratuit.» Dans son long réquisitoire, le représentant du ministère public n'ira pas par trente-six chemins pour dire, tout simplement: «L'accusé a reconnu être l'auteur de ce crime abominable pour les raisons que vous venez de lire, M. le président. Un acte que rien ni personne ne peut, aujourd'hui, prouver, même s'il aurait existé. Et c'est une comédie qu'il nous joue, aujourd'hui, en refusant de parler. La troisième contre-expertise psychiatrique est catégorique: l'accusé était pleinement responsable de son acte meurtrier et ne mérite aucune indulgence. C'est pour cette raison que nous réclamons la peine capitale, à son encontre.» Lui emboîtant le pas, l'assistant de la défense (l'accusé ayant refusé d'engager un avocat), basera sa longue plaidoirie sur l'état mental déficient de l'accusé en s'appuyant sur une dizaine de certificats médicaux psychiatriques en sa faveur. Et de demander, tout simplement, l'acquittement pur et simple. «Sa place est dans un hôpital psychiatrique pour qu'il soit soigné, et non dans une prison» dira-t-il pour conclure. Après des délibérations qui dureront plus d'une heure, l'accusé Zakaria M.M. sera condamné à une peine de 20 ans de prison ferme. |
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