
Depuis la fête du 1er des Premiers Novembre, c'est kif kif.
Les mêmes discours, les mêmes phrases, col Mao en guise de majuscule. Les mêmes
badigeonnages, blancs beljir. Le trottoir devient un repère, un repaire sur
lequel on alignait les écoliers pour scander « hé mamia thaoura ziraiya ». Une
hystérie pour applaudir, sans grande conviction. Ki bekri kilyoum, les mêmes
costumes les mêmes cravates, les mêmes savates, les mêmes chants. Toujours les
mêmes fatcha. Les mêmes ikhouani, en bleu de travail, puis en kamis et les
akhaouati en haïk puis en khimar. Les youyous n'ont pas changé de sonorités et
your are toujours here. Toujours les mêmes oppositions. C'est vrai que le
cortège de bagnoles, technologie aidant, a changé de look. Les télés sont
devenues plus plates et les portables reflet du cloisonnement publicitaire de
nos cabessa, se vendent à la criée. Toujours najrou derrière el batata, et
patati et patata. Ce sont toujours les mêmes qui savent les mêmes ignares qui
n'arrêtent pas d'enfanter des ignares. Nous avons libéré la géographie et nos
regards désespérés ne se portent que vers la terre. Tombeau. Sur nos têtes, le
ciel nous tombe gris comme nos sourires de circonstances. Nous sommes heureux
d'être classés parmi les 15 meilleures équipes de la FIFA. Madrid a battu le
Barça. Et le drapeau algérien flotte au Barnabé. On agite nos couleurs
nationales. Sans rougir. En rugissant. On supporte Messi et Ronaldo. A coups de
millions on s'équipe du dernier démo pour prendre le train vers le Qatar. Mais
nous importons notre blé de chez Fafa. Vous vous soignez chez Fafa. Vous vous
habillez chez Fafa. C'est Fafa qui construit nos dortoirs. Et vos palais. Fafa
nous te haïssons, nous te ferons toujours la guerre aux portes des consulats
pour l'obtention d'un visa.
Vous avez abruti notre sève, ya ikhouani, aux rouges
passeports. Et vous vous étonnez que nos enfants, nourris de votre mépris, se
tournent vers tous les populismes et d'autres ismes plus dangereux.