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Tayeb Louh,
ministre de la Justice et garde des Sceaux a réagi, sereinement, ce jeudi, aux
déclarations enflammées de Me Patrick Baudoin, l'avocat des familles des moines
français de Tibéhirine, qui accusait, le même jour, lors d'une conférence de
presse, à Paris, les autorités algériennes de confisquer des preuves.
M. Louh, a affirmé, dans une déclaration, à l'APS, que la Justice algérienne «accomplit son travail, normalement,» à propos de cette affaire, en respectant les «procédures judiciaires (?), conformément à la loi au niveau du juge d'instruction chargé de l'affaire». Le ministre algérien a rappelé qu'un magistrat algérien se trouve, actuellement, en France, dans le cadre d'une commission rogatoire, toujours, en relation avec le dossier des moines assassinés, en 1996. Le juge algérien devra, certainement, auditionner deux anciens membres des Services secrets français (DGSE), dans le cadre de cette enquête. L'information avait été révélée par un quotidien national qui a publié que l'Algérie avait délivré une commission rogatoire internationale, affirmant que la Justice algérienne veut entendre Pierre Le Doaré, ancien chef d'antenne des services secrets français (DGSE), à Alger (1994-1996), et Jean-Charles Marchiani, ancien officier, du même service et ex-préfet du Var. M. Marchiani, qui avait été chargé d'une mission auprès du Groupe islamique armé (GIA), auteur du rapt des religieux, avait été entendu, fin mars 2012, par Marc Trévidic. Rappelons que ce dernier, juge d'instruction, au pôle antiterroriste, du Tribunal de Grande Instance de Paris, et après avoir attendu, plus d'une année, le ?OK' d'Alger, s'est rendu, dimanche dernier, en Algérie avec sa collègue, Nathalie Poux, où ils ont assisté à l'exhumation des crânes des religieux, enterrés sur le site même du monastère de Tibéhirine. En refusant au juge d'instruction français de rentrer, en France, avec les prélèvements réalisés sur les dépouilles des religieux, Alger se retrouve la cible d'accusations, aussi gratuites qu'infondées, puisque Marc Trévidic, avant son déplacement, en Algérie, avait déclaré que «les spécialistes des deux pays travailleront ensemble, le juge algérien chapeautera et je serais présent». De son côté, le ministre algérien de la Justice avait précisé que «la procédure d'expertise et d'autopsie sera assurée par des experts algériens», en présence du juge français, sans qu'il n'ait été, jamais question d'un quelconque transfert de preuves, en France. Pour Me Baudoin, ce refus d'Alger bloque, tout simplement, l'enquête même s'il reconnaît une certaine «satisfaction d'avoir, enfin, pu y avoir cette visite». Pourtant, il ne s'empêchera pas de faire des raccourcis douteux, sur de simples constatations, en absence des résultats officiels des expertises menées, en affirmant que la version algérienne «officielle», qualifiée de «simpliste», d'un crime islamiste a, encore, perdu du crédit après les premières constatations des juges d'instruction français et des experts de retour d'Algérie. Ces premières constatations, faites lors de l'exhumation des têtes des moines, permettent, selon l'avocat français, qui parle de faits et non d'hypothèses, des avancées extrêmement significatives, sur les conditions d'exécution des moines. Me Baudoin, même s'il prend la précaution d'annoncer que les «experts n'ont pas de conviction définitive» évoque la piste de la manipulation des services de Sécurité algériens, dans la mort des moines, en s'appuyant sur la simple impression des experts français qui pencherait «plutôt que la décapitation serait intervenue post-mortem». Pour étayer cette thèse, il émet un doute sur la date du décès des moines, le 21 mai 1996, selon le communiqué de revendication du GIA. «Les experts confirment ce doute», expliquera-t-il. S'appuyant sur cette démonstration, il délivre un message aux autorités algériennes, laissant entendre qu'on se dirige vers une «sorte d'aveu (?) d'une implication des services ou des militaires algériens, dans l'exécution des moines.». Devant ces accusations, Paris a tenu à calmer le jeu, en déclarant, ce vendredi, que le déplacement, en Algérie, des juges français qui enquêtent «s'est passé dans des conditions satisfaisantes». |
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