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Les
efforts de l'Onu et de l'Algérie pour amener les protagonistes de la crise à dialoguer
sont littéralement soufflés par la relance des combats à Benghazi où le général
Khalifa Haftar, soutenu par le gouvernement de «Toubrouk», a lancé une nouvelle
offensive au résultat incertain.
Les combats ont fait plus de 60 morts et risquent de s'aggraver. Le général Haftar est fortement soutenu dans son action par l'Egypte dont l'aviation aurait effectué des raids contre les positions de la coalition des milices islamistes qui tiennent Benghazi. Des responsables égyptiens ont en effet déclaré à l'agence Associated Press que des avions de chasse égyptiens ont bombardé les positions des milices islamistes de Benghazi. Le porte-parole de la présidence égyptienne, Alaa Youssef, a démenti cette participation des avions égyptiens. Sans surprise. Le Caire a déjà démenti par le passé des informations américaines faisant état de raids égyptiens et émiratis contre des positions de Fajr Libya, une alliance des milices de Misrata et de groupes islamistes, qui a fini par prendre le dessus à Tripoli. Mais ce n'est pas un secret : l'Egypte n'est pas dans la posture du médiateur ou du voisin qui cherche une solution politique en Libye. Pour des raisons politiques, le gouvernement égyptien, même s'il a été chargé par la réunion des pays voisins de la Libye du «volet politique», n'est pas enclin à aller dans cette direction. En guerre contre les Frères musulmans qu'il veut à tout prix affubler du label infamant de «terroriste», le régime égyptien a tendance à la poursuivre en Libye. Ses alliés de Tobrouk ayant perdu Tripoli au profit de Fajr Libya, l'Egypte semble vouloir les aider à trancher militairement dans l'est du pays. Le général Haftar, après avoir été accusé de fomenter un coup d'Etat, est désormais soutenu par le chef du gouvernement de Tobrouk, Abdallah Al-Thini qui a fait les louanges de «l'Opération dignité». L'actuelle offensive vise vraisemblablement à prendre l'est de la Libye, géographiquement proche de l'Egypte. Il n'est pas certain que cela soit couronné de succès au plan militaire. L'évolution pourrait aller vers une exacerbation des violences et, c'est peut-être cela le but, vers la consécration d'une division « politique» de la Libye. Les Etats-Unis semblent dans la gêne ou l'ambiguïté face à l'actuelle offensive. L'ambassadrice américaine en Libye a estimé que la confrontation avec des organisations terroristes est nécessaire (mais) doit être menée par les forces armées régulières sous le contrôle et la responsabilité de l'autorité centrale». Considère-t-elle l'action actuelle des partisans de Haftar, qui a l'appui du gouvernement de Tobrouk, comme étant légitime ? Manifestement, la situation libyenne se complique à chaque fois que des tentatives sont menées pour trouver une issue. L'Algérie qui tente de réunir les différentes parties s'abstient, contrairement d'ailleurs aux médias égyptiens officieux, de critiquer ou même de commenter le jeu égyptien. La tendance est même à affirmer que l'on travaille de concert. Mais le fait est que l'Egypte, officiellement chargée du volet politique, est en train de pousser à la solution militaire. L'Algérie, officiellement chargée dans le cadre des pays du voisinage du volet sécuritaire, travaille sur une solution politique. Il y a comme un «contre-emploi» dans les rôles assignés à l'Egypte et à l'Algérie. Et de toute évidence, ils n'ont pas la même approche de la gestion de la crise et de sa solution. |
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