Des centaines de policiers, fait sans précédent, ont organisé une marche
de protestation hier lundi à travers les rues de Ghardaïa contre les agressions
et les violences dont ils sont victimes durant l'accomplissement de leurs
missions.
Evénement insolite dans les annales de la Sûreté nationale, cette
protestation des policiers, dont ceux des brigades d'intervention de la ville
de Ghardaïa, intervient alors que les troubles dans la région ont repris, après
une accalmie de quelques mois. En fait, l'une des principales revendications de
cette manifestation de colère des policiers est l'amélioration de leurs
conditions de travail, signifiant leur ?'désarroi'' sur leurs «conditions de
travail» marquées par des attaques au cocktail Molotov des émeutiers à Berriane
et l'interdiction à ces policiers d'utiliser la force «pour se défendre». Ils
ont exigé la présence du ministre de l'Intérieur, qu'ils interpellent ?'sur la
situation catastrophique que nous vivons dans la région marquée par des
émeutes», ont-ils scandé durant leur sit-in, refusant en même temps de parler à
leurs supérieurs hiérarchiques. Une manifestation qui intervient alors que, à
Berriane, des troubles et des accrochages entre policiers et mozabites ont eu
lieu dimanche. Hier, dans la capitale du M'zab, ils étaient donc des centaines
de policiers, à sortir dans la rue et demander que cessent les agressions et
autres violences contre les agents de police. Trois policiers ont été blessés
durant leur intervention pour rétablir le calme à Berriane samedi. Face à cette
situation inédite, le général-major Abdelghani Hamel s'est déplacé sur place
hier en urgence. Un communiqué de la DGSN souligne notamment que le ?'patron''
de la police nationale a discuté avec les policiers ?'en colère'' et les a
rassurés que leurs doléances seront prises en considération. Le directeur
général de la Sûreté nationale a rappelé, selon ce communiqué, que ?'de tels
actes (agressions contre les policiers) font partie des risques professionnels
auxquels les policiers sont susceptibles de faire face durant l'accomplissement
de leurs missions''. Abdelghani Hamel a également rappelé aux
?'protestataires'' qu'ils doivent faire preuve ?'d'esprit de responsabilité et
travailler pour faire face à ce genre de campagnes'', car, a-t-il expliqué, les
policiers ?'sont le bras séculier de l'Etat et travaillent pour la paix et la
sécurité du citoyen et de la nation''. Pour autant, l'ire des policiers, qui
auraient été agressés durant les troubles de dimanche à Berriane où un fourgon
de la police a été incendié, serait liée à l'élargissement des manifestants qui
avaient été arrêtés durant ces troubles. La présence du DGSN semble avoir
ramené le calme parmi les policiers, qui s'étaient notamment rassemblés devant
le commissariat central de Ghardaïa, provoquant des bouchons énormes dans une
ville déjà sous tension. Les policiers ont également demandé la création d'un
syndicat de la Police. Au mois de mars dernier et interrogé sur l'éventualité de
la création d'un syndicat de police, Abdelghani Hamel n'y a pas vu
d'inconvénient. ?'A condition qu'il y ait une décision politique. A la DGSN, on
ne fait pas de politique. Mais s'il y a une décision politique dans ce sens,
j'accepterai avec un grand plaisir la création d'un syndicat de police?,
avait-il indiqué. Plusieurs centaines d'élèves, collégiens et lycéens de la
partie de la vallée du M'zab, qui regroupe deux communes (Ghardaïa et
Bounoura), ont été libérés de leurs établissements scolaires qui avaient fermé.