La direction de
l'environnement a du pain sur la planche pour réduire la pollution causée par
les unités industrielles. Le dernier recensement réalisé par cette direction
révèle l'existence de 205 grands pollueurs dans les zones industrielles de la
wilaya, dont la moitié (92) a été recensée dans la seule zone d'Es-Sénia. Le
directeur de l'environnement, Mekkakia Mohamed, dresse un tableau peu reluisant
sur la situation de l'environnement dans la wilaya. Il réitère son appel aux
grands pollueurs à s'engager immédiatement à réduire leurs rejets et émissions
toxiques.
Ces 205 gros
pollueurs, cependant, ne semblent pas faire suffisamment d'efforts pour
préserver l'environnement. Parmi les graves infractions constatées par les
contrôleurs, il y a les rejets de déchets industriels hautement toxiques dans
des endroits non spécifiques, le déversement des eaux industrielles dans le
réseau d'assainissement et l'absence des autorisations d'exploitation. Les
produits hautement toxiques (huiles industrielles, produits chimiques, acides
de batteries?) sont déversés sans aucun traitement dans les égouts. Les unités
industrielles n'ont aucun moyen approprié pour se débarrasser de leurs déchets
toxiques. Les déchets sont soit jetés dans la nature soit acheminés vers les
décharges publiques où des dizaines de personnes fouinent chaque jour, de fond
en comble, le plus souvent à mains nues. Le plus préoccupant est que des gros
pollueurs se sont installés à l'intérieur même du tissu urbain. On constate
ainsi une prolifération inquiétante des stations de lavage et des usines de
détergents au milieu du tissu urbain. Les produits hautement toxiques sont
déversés dans le réseau d'assainissement de la ville. Il existe ainsi plus de
2.000 stations de lavage qui activent légalement ou illégalement à Oran. La
dernière campagne de contrôle des unités industrielles implantées à l'intérieur
du tissu urbain a permis aux contrôleurs de déceler de graves atteintes à
l'environnement commises par les propriétaires, notamment le déversement de
produits nocifs dans le réseau d'assainissement et les eaux de la Sebkha. Les
responsables de la station de traitement et d'épuration (STEP) d'El Kerma ont
été les premiers à tirer la sonnette d'alarme. Le rejet des effluents
industriels dans le réseau unitaire de collecte des eaux usées menace la STEP
d'El Kerma. Cette méga station, conçue initialement pour le traitement des eaux
usées domestiques par voie biologique, n'est pas équipée pour la prise en
charge des effluents industriels. Le traitement des eaux résiduaires
industrielles est, en fait, un problème compliqué aux multiples facettes qui
requiert des solutions complexes et implique un grand nombre d'acteurs et une
coordination entre les pollueurs et les responsables de la STEP. Le principal
problème des effluents industriels est qu'ils sont propres à chaque industrie
et par conséquent, il est nécessaire d'adapter les processus de traitement des
eaux à chaque industrie. Ces eaux contiennent souvent une grande diversité de
polluants, notamment des polluants chimiques à l'état solide ou dissous. Les
dernières descentes des ingénieurs de cette station menées dans les usines et
les showrooms de la daïras d'Es-Sénia pour sensibiliser les gérants sur la
nécessité du prétraitement des eaux industrielles avant de les rejeter dans le
réseau de collecte des eaux usées avaient révélé que la quasi-totalité de ces
entités rejettent les eaux polluées sans aucun prétraitement.