A quarante-huit heures des fêtes de l'Aïd El-Adha, les prix des moutons
n'ont pas beaucoup baissé, au plus grand dam des chefs de famille, meurtris à
l'idée de priver leurs enfants d'une belle bête encornée.
En effet, alors que les marchés informels et autres souikas sont peu
nombreux, cette année, les marchés à bestiaux de Tiaret et Sougueur n'attirent
pas grand nombre de clients, au vu des prix des bêtes qui restent encore
élevés, de l'avis de nombreux citoyens. Depuis plusieurs jours déjà, les tarifs
ne descendaient pas plus bas que 40.000 DA, pour une bête de taille moyenne. Ce
lundi, au marché à bestiaux de Tiaret, les moutons, d'à peine une dizaine de
kilos, étaient cédés entre 29. 000 et 34. 000 DA, jusqu'à 70.000 DA pour un
bélier vigoureux, le tout, au milieu d'une ambiance comme viciée, marquée par
la rareté du chaland. Les rares clients présents sont plus intéressés à
demander les prix des bêtes qu'à tenter d'en acheter une, sans risquer d'être «
plumé ». Même topo au marché de Sougueur, le plus important de toute la région.
Si les cheptels sont disponibles en quantités suffisantes, des moutons d'une
bonne taille étaient cédés, hier, mercredi, entre 40.000 DA et 65.000 DA, chez
un éleveur implanté dans la périphérie de Tiaret. Les clients ne se
bousculaient pas pour en acheter un. Ils sont rares ceux qui passent le cap et
mettent la main à la poche pour débourser entre 40.000 ou 50.000 DA, pour un
mouton. La majorité des pères de famille, pour ceux qui en ont les moyens,
préfèrent acheter un mouton à 30.000 DA, pesant à peine une quinzaine de kilos.
Pour Ali, un maquignon de la région de Naïma, «c'est la fermeture des souikas
et la restriction imposée à la circulation des cheptels qui sont à l'origine du
renchérissement des prix des moutons, cette année ». « Avec la cascade de
dépenses, depuis le mois de Ramadhan, à ce jour, très peu seront ceux qui
feront le sacrifice d'Abraham » se convainc Khaled, qui veut, à tout prix,
faire plaisir à ses deux enfants. Hier, encore, des cortèges de camions
immatriculés dans plusieurs wilayas du pays quittaient Tiaret, chargés de
moutons de toutes tailles. Des maquignons venus de Batna, M'sila, Bordj Bou
Arréridj, de Blida et d'Alger ne quittant pas les marchés à bestiaux de la
région de Tiaret, sans faire la « bonne affaire ». Pour faire face à la contraction
de la demande, des moutons sont même proposés à la vente sur la toile. Certains
éleveurs, comme à Sougueur ou encore Sidi Hosni, proposent des moutons par
facilité. Contre trois chèques, vous avez droit à un mouton payable en trois
tranches. D'autres cotisent pour acheter un seul mouton pour toute la famille.
Ces derniers jours, l'offre explose devant une demande qui reste très faible.
Demain vendredi sera la dernière occasion pour les retardataires pour faire la
« bonne affaire », « surtout que beaucoup d'éleveurs préfèrent se débarrasser
de leurs bêtes pour amortir les frais, avec l'aliment de bétail qui reste très
cher » estime Djilali, un docteur-vétérinaire installé à son compte. A noter,
enfin, que sur décision des services vétérinaires locaux, les abattoirs seront
ouverts durant cet Aïd pour permettre aux citoyens d'abattre leurs bêtes en
présence d'un vétérinaire.