![](https://www.lequotidien-oran.com/files/spacer.gif)
Les ménages algériens sont soumis à un cycle infernal tout au long de
l'année. « Si on n'est pas sacrifié à l'Aïd, Achoura nous attend», ironisent
des citoyens à propos de la flambée des prix qui s'empare des marchés d'une
manière récurrente à chaque rendez-vous de fête religieuse en particulier. A
peine sorti de la spirale des prix du ramadhan, les citoyens sont heurtés par
l'arrivée de l'Aïd El-Adha, « déjà là pour nous faire passer à la caisse »,
peut-on entendre les gémissements d'une clientèle compacte qui se bouscule
depuis deux jours dans les marchés. La pression est énorme. « C'est le
consommateur qui participe à la flambée des prix », reconnaît-on d'une voix
presque unanime, mais personne ne semble en mesure de freiner ses ardeurs pour
un moment. La razzia sur les marchés des légumes et fruits a provoqué une
rupture de stock chez les marchands dont les étalages étaient peu fournis.
Est-ce une annonce pour une autre flambée durant les deux derniers jours avant
l'Aïd ? Tout fait le jeu d'une ultime envolée des prix, les consommateurs qui raflent
tout sur leur passage, et les commerçants qui diminuent sciemment
l'approvisionnement des marchés pour provoquer une rareté, synonyme pour eux de
cherté. Un phénomène approuvé par toutes les parties agissant dans le domaine,
dont le porte-parole de l'Union générale des commerçants et artisans algériens
(UGCAA), El Hadj Tahar Boulenouar, qui explique la hausse par « l'augmentation
de la demande d'une part, et la baisse des approvisionnements d'autres part ».
D'ailleurs, les acteurs principaux du circuit commercial, y compris les
pouvoirs publics, s'en lavent les mains face à cette augmentation effrénée des
prix de produits de large consommation. Pour M. Abdelaziz Aït Abderrahmane,
directeur de la régulation au ministère du Commerce, l'explication est d'une
simplicité abasourdissante, « l'augmentation de la demande de ces produits
induit automatiquement celle de leurs prix », relèvera-t-il sur les ondes de la
chaîne nationale, non sans souligner que les prix ne sont pas fixés par l'Etat
et qu'ils « sont libres, compte tenu de la loi de l'offre et de la demande ».
Pour les spéculateurs, ils n'éprouvent aucune pitié pour le consommateur en
désarroi, prisonnier d'un cercle vicieux. Hier, le prix de la pomme de terre a
atteint les 90 dinars le kilo sur les marchés constantinois, et l'on ne serait
nullement étonné de voir ce prix grimper aujourd'hui jusqu'à 100 dinars le
kilo. Les oignons, aussi, se sont fait des ailes, atteignant les 70 dinars le
kilo. Un prix rarement vu ! La salade verte, qui n'est pas vraiment
indispensable, est écoulée à 160 dinars le kilo, la tomate à 80 dinars, les
courgettes à 180 dinars?autant dire que la hausse des prix n'a pratiquement
épargnée aucune marchandise. Et les prix des fruits n'ont pas échappé à la
règle. La banane est vendue entre 120 et 160 dinars, selon la qualité. Le prix
des raisins est passé de 170 DA à 200 DA, ainsi que les poires et les pêches
qui affichent 170 dinars le kilo. Des prix qui datent déjà d'hier, « car tout
peut changer d'une nuit à une autre », comme le relève un marchand de fruits et
légumes. « On nous fait vraiment notre fête », soupire-t-on dans les marchés à
la veille de l'Aïd El-Adha.