Après avoir lancé un ultimatum, la mi-septembre, à l'académie pour exiger
des «solutions concrètes au sureffectif des élèves, au déficit en encadrement
administratif et au manque de salles de cours», le personnel enseignant du
lycée Yadjouri Abdelkader est passé lundi à l'action. Les enseignants ont en
effet entamé une grève ouverte pour exiger la prise en charge réelle de leurs
revendications. Ils promettent d'ores et déjà de poursuivre cette action
jusqu'au bout. Un délégué des grévistes, contacté hier matin, soutient que
cette grève a été largement suivie par les profs. «Nous avons un taux
d'adhésion de 90%. L'ensemble du personnel enseignant permanent a déserté les
salles de cours», soutient ce délégué. Le sureffectif des élèves ne concerne
pas en fait uniquement ce lycée, mais une bonne partie des établissements
secondaires de la ville et de sa périphérie, en particulier dans la zone
orientale, souffrent de surcharge des classes en raison de la double cohorte et
du relogement de milliers de familles à Oran-Est et dans les localités de
Gdyel, Oued Tlélat et Hassi Bounif. Si la nouvelle direction de l'académie
continue à faire la sourde oreille aux revendications des enseignants, ce
mouvement de contestation risque de faire tache d'huile dans le cycle
secondaire et même dans les autres paliers. Le personnel enseignant d'un autre
lycée à Oran-Est a menacé, de son côté, d'emboîter le pas à leurs collègues du
lycée Yadjouri. Il faut préciser, à ce propos, que la fronde couve dans les
établissements scolaires. La cause est les dernières décisions de la ministre
de l'Education nationale qui ont provoqué le courroux des syndicats autonomes.
Les organisations syndicales affûtent leurs armes et promettent que l'année scolaire
sera longue.
Pour rappel, à l'issue d'une AG tenue au lendemain de la rentrée des
classes, les enseignants ont décidé à l'unanimité d'observer une grève ouverte
pour exiger une «prise en charge réelle des difficultés rencontrées
quotidiennement dans cet établissement secondaire». Le délégué des concernés
avait été catégorique : «La grève ouverte est inévitable vu que l'académie n'a
rien fait pour trouver des solutions concrètes. Au contraire, les responsables
de cette administration n'ont rien trouvé de mieux que de muter le censeur du
lycée vers un autre établissement. Le lycée fonctionne désormais sans
surveillant général ni censeur». Et d'ajouter : «Nous avons 1.300 élèves
répartis sur une trentaine de divisions dont 18 de terminale, 10 de deuxième
année et 9 de première année. Il existe cinq classes roulantes, c'est-à-dire
sans salles de cours». Ce problème de surcharge des classes n'est pas un
phénomène nouveau dans ce lycée qui souffre depuis plusieurs années d'un
sureffectif des élèves. Le problème s'est toutefois aggravé ces dernières
années après que l'académie a déclassé en 2011 le nouveau lycée de la cité 937
logements Cosider en un collège. L'académie avait été contrainte de déclasser
ce lycée pour faire face au flux des élèves admis à la première année du cycle
moyen suite au taux de réussite exceptionnel enregistré en 2011 dans l'examen
du Certificat de l'enseignement primaire. Le lycée Yadjouri qui a une capacité
maximale de 700 élèves accueille actuellement près du double. Les élèves de
quatre collèges de la zone orientale de la ville sont systématiquement orientés
vers ce lycée. Une école primaire avait été annexée pour prendre en charge les
classes de terminale, cependant, le problème de la surcharge des classes se
pose toujours avec acuité. Ce sureffectif des élèves s'est répercuté
négativement sur l'aménagement des emplois du temps du personnel enseignant.