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On
ne parle pas beaucoup dans les médias internationaux de la Tunisie alors que le
pays s'engage dans la dernière ligne droite de la transition avec des élections
législatives et présidentielles qui se tiendront respectivement les 26 octobre
et 23 novembre 2014. On serait tenté de relancer la boutade : «Pas de
nouvelles, bonnes nouvelles». Car, on ne le répètera jamais assez, la Tunisie
reste, malgré ses difficultés économiques et sociales et ses appréhensions
sécuritaires, la bonne nouvelle permanente dans un monde arabe où se côtoient
immobilisme maladif et dynamiques d'effondrement.
Le train tunisien ayant tendance à arriver à l'heure, malgré ses retards, les médias internationaux ne semblent pas trop pressés de s'y intéresser. Ils y viendront même si pour l'heure, le peu mystérieux Daech est l'ordre du jour des grands médias mondiaux qui épousent très naturellement les agendas des gouvernements. Il faut espérer que des actes de terrorisme et de violence ne viendront pas créer un «intérêt» malsain qui rattacherait à «l'ordre du jour» le seul processus politique démocratique viable en cours dans le monde arabe. Les Tunisiens n'ont pas encore réussi mais ils sont bien sur le bon chemin pour sortir de la transition et aller vers la stabilité institutionnelle. Quand on voit ce qui se passe chez le voisin libyen avec ses deux gouvernements, ses deux parlements et même ses deux gouverneurs de la Banque centrale, on ne peut que saluer la qualité des acteurs politiques tunisiens. Certes, comme le fait remarquer un connaisseur, ce pays qui n'a pas de rente et qui est obligé de travailler a besoin continuellement d'un consensus pour que les choses marchent et ne s'arrêtent pas. La Tunisie, après avoir été figée dans l'autoritarisme policier, est en train d'administrer la preuve que la stabilité est dans le mouvement et le consensus. Tout l'art des politiques tunisiens, malgré ou à cause des disputes qui ont pu paraître interminables et des phases de dramatisation liées à des actes terroristes, a consisté à concilier cet impératif du consensus et du mouvement. Cela n'est pas une perfection, personne ne s'y attendait. Le bilan de la transition tunisienne est néanmoins presque inespéré quand on observe le reste des pays arabes qu'ils soient «printanisés» ou «gelés». Indéniablement, la sociologie du pays a eu son impact avec l'existence d'une élite qui a accepté d'accompagner la fronde sociale fondatrice au lieu de s'accrocher au «confort sécuritaire» humiliant qu'offrait le système de Ben Ali. Il y a eu, également, même si les «éradicateurs» ont du mal à l'admettre, un sens politique très élevé chez les islamistes d'Ennahda et de leur chef Rached Ghannouchi qui a très largement contribué à l'apaisement. Et ils ont l'intelligence de rester dans cette logique de partenariat en évitant de s'engager dans l'élection présidentielle. Contrairement à ce que suggèrent certaines déclarations, la fonction présidentielle ne se réduit pas à de la figuration, une lecture de la Constitution le montre amplement. En choisissant de laisser la présidence à d'autres courants, Ennahda permet à la Tunisie de continuer à avancer dans le consensus. Cela permet de préserver intacte la seule bonne nouvelle arabe de ces dernières années. |
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