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Dans ce temps il
n'y avait pas de facebook, ni de sponsors téléphoniques, ni de supports
médiatiques. L'on vendait seulement du soleil, un service et du bon accueil.
Attractif ou repoussant, le tou-risme commence au clic d'une culture et de traitement parfois via portail de ministère, d'un consulat ou d'une agence. Ce contenter d'une réponse énergique chargée inutilement de substances self-défensives et aussi moralisantes ne devrait pas animer outre mesure ceux qui ont la tache de nous émerveiller par nos monts et nos sites. De surcroit si cette énergie demeure à l'adresse d'autrui. Il existe bien des " cellules " qui pullulent dans le champ de la communication ministérielle. Hélas tout le monde n'en fait pas ses ablutions. Elles auraient du crédit si elles s'amarraient d'abord à la civilité à l'endroit des genres, puis s'abstenir de s'élever, par la contrainte sinon rien ; vous forçant à surfer sur leur domaine. Mais jeter un regard c'est comme faire du voyeurisme. L'essentiel on ne le voit pas. Je ne dirai pas qu'une page informative sur FB puisse se suffire à enjoliver une destination, encore moins embryonner le désir d'y être, je rugirai par contre algérien grincheux que je suis ; qu'une mobilisation des périphériques sectoriels, des faiseurs d'opinion, des promoteurs de rêves, des artistes de l'exotique et de l'ailleurs est plus avantageuse, sinon à essentialité prioritaire. Le tourisme pour le " vagabond " scribouillard que je prétends incarner n'est pas une affaire d'un seul ministère. Comme la propreté, il est l'affaire de tous ! Une cause gouvernementale, sociétale, environnementale, culturelle, historique? Le tourisme est une tentation qu'il faudrait aller chercher là où elle crèche. Pourvu que le réceptacle, le cérémonial et le rituel soient en harmonie. Une dune peut être plus soyeuse qu'un sofa de palace ! Un oued plus ravissant que les beaux rivages des grands océans ! Alors que faire ? Le tourisme tend à devenir comme un logement ; un cas social. Il ne constitue nullement une équation politique dans une société basée sur le nif et la manne pétrolière. Si ce tourisme est un état d'esprit, il ne peut être exclusivement un département ministériel en concert avec un mécanisme désuet constitué d'un Touring, d'une agence et d'un circuit non renouvelé. C'est dans ce sens qu'il se trouve mêlé à toutes les mêlées là où s'entremêlent pêle-mêle agios, préséances et objectifs. Seules des conjonctures précises se hissent au niveau des impératifs du moment, la sécurité d'abord, ensuite la villégiature. Dès que l'intérêt vital d'un groupe se fait sentir, l'haleine boulimique de mettre à bas les autres est vite surprise en plein mouvement rotatif. L'on recycle le réchauffé, l'on tance la résistance et l'on claironne la réviviscence messianique. Les tour-operators se doivent de sortir de l'unique sens touristique tendant à faire de l'export qu'une exportation de masses et de liasses. Ce mouvement itératif de faire sortir des gens sans pour autant se déployer pour ramener d'autres reste plus indicatif qu'une politique nationale touristique est à ériger. L'algérien est devenu par habitude ou lassitude un produit exportable allant financer la cagnotte des autres. Ici, chez lui l'hôtel est une salle de fêtes, une piscine est un stade. Dans le cours évolutionnel plusieurs évènements poignants ont été par malheur encollés au présent d'un pays que l'on fait absenter. Des ardeurs caractérielles et hypothétiquement d'avenir ont défrayé ses annales. Des scandales ont aspergé ses repères et ses hiérarchies. Même des tentatives de putsch médiatique se refont au gré des contingences, suggérant au passage la partance ou l'abandon de ses chefs. Ces faits d'une vie courante sont mâchés puis avalés, sans nul accroc par l'amas des passants, des lecteurs et en aval des électeurs. Mais le touriste, cet étranger disparu il y a des années n'est pas encore en mesure de vouloir venir rendre visite à des sites nus, sans âme et sans qualité de service. L'on vient pour se dégourdir les habitudes, pas les enfoncer et en redouter leur résurgence. Donner des frites à un belge en séjour à Tamanrasset c'est comme administrer un menu de couscous à un algérien en pleine ile des Bahamas ! Que dire alors de servir des bananes et des kiwis en dessert au lieu et place des figues de Kabylie ou de la pomme juteuse d'Arris ? Le tourisme en effet sert beaucoup à comprendre et à réactiver pendant un instant l'usage de ses sens pour lire le monde (pas le journal). Il est sensé créer des êtres heureux ou leur donner à la moindre mesure cette appréhension. Ah le bonheur ! Ce mystère ! Cette chimère sensationnelle ! Il est en soi une fin inaccessible mais que l'on s'acharne par croyance d'y arriver; sans jamais l'atteindre...si quelquefois oui... c'est une illusion pas plus qu'un plaisir éphémère. Le temps d'un trajet, d'un séjour. Et c'est justement aux acteurs du secteur qu'incombe l'action de susciter à la fois le rêve et tenter de le faire vivre autrement. Dans les dédales de la haute incompréhension informationnelle, ce monde touristique cherche vainement une mire de véracité. Les endroits existent, les féeries aussi. L'histoire est là, en compagnie de témoins lointains en ruines, en friche ou encore loquace. Dans chaque source l'on croit trouver sa vérité. Du moins inspire-t-on sa plausible existence. L'événement factuel est pris pour une histoire référentielle quand l'actualité se trouve honteusement dénudée. Pour quel motif les algériens boudent-ils leurs plages et préfèrent exiler leurs vacances pour gouter ailleurs ce qu'ils peuvent savourer chez eux ? L'insécurité tant brandie n'arrive plus à justifier cet abandon, tant ils y vivent et s'y habituent. L'on verra bien nos écoliers franchir le pas des musées et se déambuler un vendredi sur le parvis des nombreux vestiges qui pavent notre sol national, au lieu de les mettre dans la rue ou à proximité d'un prêche anti l'autre. Le tourisme est entre deux recrutements perpendiculaires d'un régime anonyme. L'un est parsemé de fatalité, l'autre jonché de fins espoirs. Si bâtir des hôtels somptueux est apte à vous faire ramener les visiteurs, la plantation banale d'une tente sur un erg est plus attractive et moins coûteuse qu'un investissement soutenu, affranchi et bancarisé. Cet appel aux autres est devenu aphone à force d'avoir eu à se taire est l'amplificateur du mal provenant de ses entrailles et de ses profondes tripes. Un cri inaudible chez les agences étrangères, les voyagistes jusqu'aux préaux des écoles ou aux halls des ministères. L'on se rappelle, dans les années Boumediene du slogan " le tourisme populaire " ce n'était pas une affaire d'infrastructures ou d'encouragement à l'investissement dans une zone à expansion touristique. C'était tout simplement une culture et une évasion à offrir. Nos rues, nos souks, notre artisanat, notre cuisine se faisaient en haute couleur dans les dépliants publicitaires. Il n'y avait pas en ce temps l'accessibilité aux réseaux sociaux, ni de vitrine virtuelles. L'on vendait seulement les radieux rayons du soleil, un service de qualité et du bon accueil. Si le soleil est perpétuellement ardent, avec un ciel en permanence clément, ou sont donc ce service et ce bon accueil ? Partis dans les plis d'une envie démocratique, d'une hérésie de mœurs et de déviation professionnelle. L'hôtellerie était un autre puits de pétrole. L'amalgame crée dans la sémantique d'une société dite civile ne s'est point débarrassé des scories malsaines et utiles à son expression. Associations, corporations, fédérations, syndicats, ligues, fondations et autres sobriquets sont parfois un simple régiment populaire. Ca ne grouille pas trop dans le giron. Ils préfèrent la politique des postes à celle de la culture et de la découverte. La bonne société touristique ne se remarque pas donc là où elle se dilue mais là où elle a tout le temps existé. Rien n'empêche de booster ce secteur. C'est vrai que la sécurité y est pour beaucoup. Mais que fait l'Egypte pour engranger tant de touristes en pleine désobéissance civile ? Ce n'est chez nous ni une décision politique, ni économique, mais un constat d'impuissance tout simplement. Le tourisme touche pratiquement tous les domaines de l'activité nationale, il influence et subit les mêmes effets sur les autres secteurs tels que l'artisanat, le commerce, le transport, l'hygiène, la culture.il brasse large en étant l'indispensable consommateur des produits de l'artisanat local et des produits du terroir. Ayant un lien direct il est un moyen de communication et d'échange universel entre les peuples et favorise la symbiose des différentes civilisations. Son mal est cependant confiné dans l'apport de vecteurs parfois malsains. La ministre, toute fraiche et rafraichissante Zerhouni qui semble bien être animée d'un esprit de bien faire, aurait à faire gagner à son secteur plusieurs points. Cet esprit ne se trouve pas uniquement à l'hôtel. Il doit être aussi dehors, dans le magasin, sur l'abord des routes, dans les postes de contrôle frontaliers, dans la facilitation du passage. C'est cette culture de l'accueil, de la propreté, de la diligence et du bon service qui devrait s'afficher. Ceci n'est pas l'exclusivité attributive de Madame, étant un esprit de toute la société. Il n'est pas, par ailleurs difficile pour elle de conceptualiser des prix récompensant par concours les meilleurs récits de voyage, de la description narrative d'un lieu et d'une richesse immatérielle. Encourager de concert avec le ministère de la culture qui est co-acteur d'un tourisme durable des résidences d'écriture à but touristique vaudrait mieux qu'un slogan creux d'une simple boite de communication. Saisir toute opportunité de manifestation internationale en vue d'exposer l'image algérienne. Comme il est important de faire impliquer davantage la représentation diplomatique nationale installée à l'étranger et la faire un peu sortir des sentiers exclusivement buro-consulaires. Impliquer l'école dans le souci de préservation du patrimoine est un salut avancé et préalable à même de garantir la pérennité des destinations touristiques, notamment là où se trouvent ce patrimoine. L'Algérie a besoin d'un habile vendeur d'images. Le pétrole ne dure pas. Nos sites, nos merveilles, nos architectures, notre géographie et nos potentiels seront toujours là. Génial sera qui saura rendre l'esprit et l'âme perdus au corps touristique inerte et en attente de reviviscence. |
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