L'Amérique a bombardé la Syrie ou plu-tôt les positions
syriennes de «l'Etat islamique » comme l'avait promis Barak Obama. Le message
est clair, net et sans fioritures : « On ne touche pas aux intérêts, ni aux
citoyens américains sans en payer le prix lourd». La loi du Far West est de
nouveau à la Une de l'Onu qui signe sans regarder toutes les propositions
américaines ou des Etats européens à la solde de la politique de Washington en
souvenir du Plan Marshall. Le président américain a annoncé que les frappes sur
Daech ne sont pas exclusivement américaines mais que certains pays, à l'image
du Bahrein, ont participé à ces raids, pour la première fois, ce mardi matin,
depuis le début de la guerre civile en mars 2011, élargissant ainsi les frappes
aériennes, confinées, dans un premier temps, au territoire irakien. Parmi les
premiers alliés des Américains dans la région, on trouve le Qatar, obligé de
faire volte-face, la Jordanie, l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis,
Abou Dhabi étant déjà cité dans le bombardement des milices islamistes aux
abords de l'aéroport de Tripoli. Et comme promis, également par la
Maison-Blanche, Damas n'a pas été prévenue de ces frappes aériennes, excluant
de facto le régime de Bachar al-Assad d'un partenariat gagnant-gagnant dans la
guerre contre les troupes de l'EI qui y occupent, depuis 2013, de vastes
régions dans le nord, frontalières de l'Irak et la Turquie. Un rappel qui bat
en brèche les déclarations du ministère syrien des Affaires étrangères à Damas,
qui a affirmé que Damas a été prévenue d'avance. Si Bachar al-Assad voit dans
ces attaques contre l'un des ennemis intérieurs une aubaine pour se débarrasser
de l'internationale djihadiste, il aura fort à faire avec l'opposition financée
et armée par Paris et Washington. Une opposition syrienne qui a salué les
frappes américaines, tout en insistant sur la nécessité de faire pression sur
le président Bachar al-Assad dont elle cherche à renverser le régime. Si la
stratégie militaire du Pentagone ne s'appuie pas sur une intervention au sol,
il est fort à parier que l'option des rebelles syriens « modérés», combattant
sous le parapluie des avions de l'US Air Force, ne pourra pas venir à bout des
djihadistes de Daech même si le Congrès américain a autorisé Obama à armer et
entraîner ces mêmes rebelles. D'où la carte des Kurdes et l'appui du chef
rebelle kurde de Turquie, Abdullah Öcalan, à l'appel aux Kurdes lancé par son
mouvement armé PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan) pour « une résistance
générale» en Syrie contre les djihadistes. Ce nouveau front syrien présage dès
maintenant d'une nouvelle partition du pays entre nationalistes pro-occidentaux
et kurdes à l'image de l'Irak. Ainsi, les Américains, en jouant à fond la carte
des Kurdes avec l'accord préalable d'Ankara, sont en train de redessiner la
carte du Moyen-Orient avec la création de zones autonomes, pour ne pas dire
indépendantes, de Kurdes dans la région.