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Est-il juste de
soupçonner la Turquie de complicité avec l'islamisme quand elle refuse de
bombarder le Daech en Syrie et en Irak ? Qui accueille les 1,5 million de
réfugiés de cette guerre ? Peut-être plus demain ?
En refusant de bombarder les groupes armés terroristes du Daech, en Irak et en Syrie, la Turquie, membre fondateur de l'Otan, s'est attirée une pluie de critiques de la part de ses alliés américains et européens, allant jusqu'à douter de sa sincérité et son engagement dans la lutte contre les groupes terroristes. Les médias occidentaux ont sauté sur l'occasion pour rappeler «l'identité» politique du pouvoir turc : islamiste, disent-ils, pour expliquer le refus d'Ankara d'aller à la guerre, chez ses voisins syriens et irakiens et sous entendre que le gouvernement «islamique» turc ne tirera, jamais, sur les «islamistes» du Daech, fussent-ils terroristes. C'est une façon simpliste et réductrice de traiter de la complexité de la situation de violence extrême que vit cette région du Moyen-Orient. Comme le fait de laisser la Turquie se débrouiller, seule, avec près d'un million et demi de réfugiés, conséquence de cette guerre qui risque de s'étendre plus loin, au Liban, par exemple, voire même en Israël et en Palestine. Un million et demi de réfugiés accueillis, pour la majorité, dans les villes turques. Le Haut Commissariat aux réfugiés affirme que 300.000, environ, vivent dans des camps et près d'un million ont reçu un titre de séjour, avec le droit au travail et vivent dans les principales villes du pays. Cette situation exceptionnelle est passée presque sous silence, dans les médias occidentaux. Et lorsqu'ils s'y intéressent, c'est pour montrer quelques plans des camps de réfugiés, à la télévision, sous tendus par un discours de commisération et de solidarité «télévisuelle». Pourtant, face à l'afflux des réfugiés, dès 2011, la Turquie a révisé sa loi sur les étrangers, en avril 2013, en conformité avec la Convention de Genève de 1951, afin de garantir l'accueil et le droit, de tous les étrangers, qui arrivent sur son sol. Car, si la majorité des réfugiés sont syriens, suivis des irakiens, plusieurs dizaines de milliers sont originaires d'Iran (9.500), d'Afghanistan (10.000) et d'ailleurs. De 17,7 millions de dollars, alloués par le HCR, en 2011, pour soutenir l'effort de la Turquie, dans l'accueil des réfugiés, le fonds a été porté à 195 millions de dollars, pour 2014. C'est une aide, toute relative, face aux énormes besoins en matières de nourriture, santé, scolarisation, etc. Mais au-delà de ces chiffres, c'est la patience, le courage et la dignité avec lesquels la Turquie fait face au phénomène, sans se plaindre, qu'il faut remarquer et relever. Le peuple turc ne crie pas à l'envahissement des étrangers et ne les montre pas du doigt, comme une menace à leur propre vie. C'est admirable, lorsqu'on se rappelle la campagne odieuse contre «l'étranger» qui a dominé le discours politique, au lendemain, de l'arrivée sur les côtes européennes de 3.000 êtres humains, fuyant la guerre, en Libye, en 2011. L'ex président français, Nicolas Sarkozy, qui a mené cette campagne, est allé jusqu'à fermer les frontières entre son pays et l'Italie, violant au passage, les Accords de Schengen sur la libre circulation, dans l'UE et oubliant que c'est lui qui bombarde en Libye. Du coup, il est honteux de stigmatiser la Turquie, face au flux extraordinaire de réfugiés qui frappent, quotidiennement à sa porte. Rares sont les pays qui ont fait montre d'une telle dignité avec, souvent, un afflux moins massif que celui qui se déverse en Turquie. Le propos n'est pas de laisser entendre que les Etats doivent ouvrir, grand leurs frontières, au moindre mouvement de populations fuyant la guerre et la misère. Le raisonnement n'est pas aussi «simpliste» ou «inconscient». En revanche, mettre sous le feu de la critique, et accuser un pays et un peuple, jusqu'à douter de leur volonté de combattre l'hydre terroriste de Daech, en raison de leur refus de bombarder les voisins, est un raccourci stigmatisant et «méchant.» La décence serait de soutenir la Turquie en partageant, avec elle, cet immense poids qu'elle gère, seule, depuis 2001. Qui empêche les pays européens et voisins arabes comme l'Arabie Saoudite, par exemple, d'accueillir les victimes de Syrie et d'Irak ? Parce que la guerre en Syrie et en Irak prendra fin un jour. Les réfugiés reviendront, en grande partie, chez eux. Ils n'oublieront pas le gîte et l'assiette offerts par le Turc, durant ces moments dramatiques et difficiles pour eux. Cependant rappelons, quand même, que la France a accueilli (est allée les chercher) quelque 150 réfugiés syriens «chrétiens». |
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