L'école algérienne
n'en finit pas de manger son pain noir. A peine entamée, la nouvelle année
scolaire 2014-2015 démarre comme les précédentes: à la surcharge des classes
est venu cette année s'ajouter le problème du manque d'enseignants.
C'est comme si
l'école algérienne, de réformes en réformes, et de ministres en ministres, est
vraiment poursuivie par la scoumoune. Hier lundi sur les ondes de la radio
nationale, Zhor Benarbia, inspectrice centrale au ministère de l'Education
nationale, a reconnu que le secteur de l'éducation en Algérie souffre encore de
problèmes structurels. Bien sûr, elle a confirmé l'instruction de la ministre
de l'Education transmise à tous les directeurs d'établissements pour le droit
des élèves de redoubler au moins une fois par cycle. Car cette instruction
ministérielle est venue pour rectifier le tir, selon Mme Benarbia et redonner
le droit à chaque élève de refaire au moins une fois sa classe en cas de non passage
à la classe supérieure, sinon pour ceux qui n'ont pas eu leur baccalauréat.
«Donner sa chance à chaque élève de refaire l'année est une des priorités qui
s'imposent d'elles mêmes», a-t-elle reconnu, car il y a le «respect de
l'application du droit au redoublement une fois dans un cycle». Pour autant,
les élèves de terminale (3èmeAS), qui ont raté leur bac se verront intégrés
dans des classes spéciales. «Mais, c'est une situation conjoncturelle», précise
l'inspectrice générale qui a fait état du gros problème de la surcharge des
classes. «On souffre d'une surcharge des classes dans le cycle secondaire», a
t-elle précisé avant d'expliquer que les élèves peuvent passer en classe
supérieure avec une moyenne légèrement inférieure à 10 selon les décisions du conseil
des classes et sur un recours des parents d'élèves. Sur ce point, «on donne sa
chance à un élève de refaire sa classe, car il s'agit d'une évaluation
pédagogique et non sur son assiduité», explique encore Mme Benarbia. L'autre
problème actuel auquel fait face le ministère est le manque d'enseignants dans
les établissements scolaires, dont ceux recrutés lors du dernier concours qui
n'ont pas rejoint leur poste. «Les enseignants recrutés qui n'ont pas rejoint
leur poste seront exclus et seront remplacés par ceux qui sont sur les listes
d'attente, c'est à dire ceux qui ont déjà subi le concours organisé en
juillet». Le ministère de l'Education nationale, selon Mme Benarbia, prévoit de
recourir aux enseignants sur les listes d'attentes et d'organiser un concours
de recrutement le mois de décembre prochain. Quant à ceux qui n'ont pas rejoint
leur poste, ils seront licenciés, nouveaux ou anciens. Pour cette rentrée
scolaire, 14.924 enseignants ont été recrutés pour le cycle primaire, 6.247
pour le moyen et 2.953 pour le cycle secondaire, et «la majorité ont rejoint
leur poste. Les affectations leur ont été délivrées dès la fin du regroupement
organisé au mois d»août», a affirmé la même responsable. Le ministère devait
recruter 25.000 enseignants à l'issue du concours qui a été, selon la ministre
de l'Education, Mme Benghebrit, «mal organisé». Plus de 400.000 demandes ont
été reçues par le ministère pour ce concours, rappelle-t-on. Quant à la
surcharge des classes, elle a reconnu que c'est «un problème réel qui affecte
le pédagogique». «L'idéal est d'arriver à des classes aux normes acceptables»,
a-t-elle dit, imputant ce phénomène « au rythme des réalisations des
infrastructures scolaires et la hausse du nombre des élèves». Pour elle le
problème du manque d'infrastructures scolaires qui affecte le secteur «relève
du ministère de l'Habitat». Quant à la double vacation, solution alternative au
problème structurel de manque d'infrastructures scolaires, elle a dit que ce
phénomène qui affecte le cycle primaire ne concerne que 4,5% de l'ensemble des
élèves de ce cycle. La surcharge des classes, selon elle, ne concerne pas le
moyen ni le secondaire. Enfin, le retard dans l'octroi de la prime scolaire à
certains élèves est dû à la grève des intendants, mais elle sera versée à la
fin de la semaine. Elle a également éludé la question des enseignants du public
qui enseignent dans le secteur privé en même temps en estimant que cela est
toléré dans la mesure où cela ne porte pas préjudice aux établissements
publics. La rentrée scolaire 2014-2015 a concerné quelque 8,6 millions
d'élèves, tous paliers confondus. Quant aux examens, ils sont programmés du 14
au 18 juin pour le baccalauréat, le BEM du 8 au 10 juin et l'examen de la 5ème
année le 3 juin, sans qu'il y ait une seconde session pour cet examen de
passage au CEM.