La technique
d'épandage de boues vient de faire son entrée en Algérie. C'est ce qu'a annoncé
la Société de l'eau et de l'assainissement d'Oran (SEOR) dans un communiqué
diffusé, hier.
«Une opération
d'épandage de boues provenant de la Station d'épuration (STEP) d?El Kerma a été
effectuée, le 17 septembre dernier, au niveau d'une parcelle agricole située
dans la localité d'El Kehaïlia, commune de Tafraoui». L'opération, précise la
même source, intervient à la faveur d'une convention signée entre le producteur
de la boue (SEOR) et l'utilisateur, la Direction des services agricoles (DSA)
de la wilaya d'Oran. Qu'est-ce que l'épandage de boues ? C'est une technique
qui porte à la fois un intérêt agricole et environnemental. Elle consiste à
fertiliser des champs agricoles en y répandant des boues issues des stations
d'épuration pour augmenter leur rendement. La filière épandage représente ainsi
le débouché le plus pertinent d'un point de vue environnemental (apports
d'engrais naturels se substituant aux engrais du commerce et de matière
organique nécessaire à l'entretien des sols) et économique (coûts d'épandage
plus faibles que l'incinération ou le stockage («mise en décharge»). Selon des
sources concordantes, la convention signée entre la SEOR et la DSA permet
l'usage de cette technique au niveau de 8 fermes pilotes au niveau de la wilaya
d'Oran. Les terres choisies, affirment nos sources, seront scindées en quatre
parcelles, dont trois seront traitées par quantités différentes de boues
(différents dosages par mètre carré), alors que la quatrième parcelle, non
traitée, fera office de parcelle témoin. Les résultats obtenus seront étudiés
et permettront d'opter pour tel ou tel dosage. Cette expérimentation devra
durer trois années afin de savoir l'incidence de technique à court et à moyen
termes. Dans les pays qui l'ont déjà expérimentée, cette technique est soumise
à des contraintes réglementaires strictes. En France, par exemple, des plans
d'épandage sont établis et des règles précises sont fixées pour la qualité des
boues. Parmi ces règles, des taux maximums pour les éléments traces métalliques
(ETM), des taux maximums pour les composés traces organiques (CTO), preuve de
l'innocuité sur les sols, interdiction d'épandage à moins de 100 mètres des
habitations et à moins de 35 mètres des puits, cours d'eau ou forages,
interdiction d'épandage sur sols détrempés ou inondés, valeur limite de 3 kilos
de matière sèche par mètre carré en 10 ans ou à 30 tonnes de matière sèche par
hectare en 10 ans. L'opération pilote qui vient d'être lancée à Oran, sur une
durée de trois années, permettra ainsi d'établir ces plans d'épandage adaptés,
et ce grâce au concours de plusieurs organismes qui sont impliqués. Ainsi, en
plus des services de la SEOR et de la DSA, cette opération pilote se fera avec
le concours des instituts agricoles, des services de la direction de
l'Environnement, de la Santé et du Département Biologie de l'Université des
Sciences et de Technologies «Mohamed Boudiaf» d'Oran (USTOMB).