Paris continue de
faire le forcing sur les pays de la région pour les inciter à se mobiliser, en
vue de contrer «la menace terroriste», en Libye. En visite en Egypte, hier, le
ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a réitéré le souhait de la
France d'une «mobilisation globale», lors de la session ordinaire de
l'Assemblée générale de l'ONU qui s'est ouverte hier, mardi. Si le ministre
français s'est rendu au Caire, en provenance des Emirats arabes unis, pour
expliquer la feuille de route de Paris, au sein de la coalition internationale,
contre les djihadistes de l'Etat islamique (EI), en Irak et en Syrie, il n'a
pas raté l'occasion d'évoquer le danger libyen, lors de ses rencontres avec son
homologue égyptien, le général Sedki Sobhi, puis le président Abdel Fattah
al-Sissi. Si pour Le Drian, Paris et le Caire sont sur la même longueur
d'ondes, à propos de ce dossier, il souhaite, surtout, un front commun, lors de
l'AG onusienne, en comparant ce qui se passe en Irak et en Syrie, aux dangers
qui guettent l'Europe et l'Egypte, via la Libye. Pour lui, ce qui se passe au
sud-libyen, qu'il avait déjà qualifié de ?hub' où viennent s'approvisionner les
groupes terroristes qui activent au Nord Mali, «y compris en armes», «nous
impose un devoir d'alerte». Depuis Le Caire, Le Drian tirera la sonnette
d'alarme, en évoquant, «un risque de globalisation du terrorisme» et appelant à
«un embryon de feuille de route pour sortir la Libye du chaos», sous l'autorité
des Nations unies, en coopération avec les autorités libyennes, basées à
Tobrouk, dans l'est du pays, pour des raisons sécuritaires mais n'exerçant
aucune emprise réelle sur le pays. Et c'est justement son chef du gouvernement,
Abdallah al-Theni qui a accusé Doha d'ingérence dans ses affaires internes
ainsi que d'avoir livré des armes, par voie aérienne, aux hommes de ?Fajr
Libya', une alliance hétéroclite de miliciens, dont des islamistes venus de
Misrata, qui s'est emparée de la capitale libyenne, fin-août, à l'issue d'un
mois et demi de combats, précisément, après la chute de l'aéroport
international de Tripoli, contrôlé par les miliciens nationalistes de Zenten.
Le gouvernement du Qatar a réfuté ces accusations, les qualifiant
d'«allégations trompeuses et infondées». Ce n'est pas la première fois que le
gouvernement de M. Theni accuse un pays d'alimenter les groupes armés en armes
puisque, ce dimanche, il a réitéré les accusations d'ingérence, à l'encontre de
Khartoum, que Tripoli avait accusé, le 7 septembre, de soutenir des groupes
«terroristes» en leur fournissant des munitions. Le Soudan, à l'image du Qatar,
a rejeté ces accusations.
Rappelons que le
gouvernement libyen avait reconnu que les milices armées contrôlent, désormais,
les sièges des ministères et des services publics, à Tripoli. Les milices de
?Fajr Libya', ne reconnaissent pas le gouvernement installé à Tobrouk et ont
annoncé leurs intentions de former un gouvernement parallèle à Tripoli, après
avoir remis en selle l'Assemblée sortante, le Conseil général national (CGN),
dont le mandat a théoriquement expiré, avec l'élection du Parlement, le 25 juin
dernier. Le Parlement libyen, quant à lui, a qualifié de «terroristes» «Fajr
Libya» et les djihadistes d'«Ansar Charia», qui contrôlent 80% de la 2ème ville
de Libye, Benghazi. «Ces deux groupes sont une cible légitime pour l'armée
nationale, que nous soutenons avec force pour qu'elle continue sa guerre
jusqu'à les contraindre à cesser les tueries et à remettre leurs armes», a
souligné le Parlement, dans un communiqué.