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La présence,
depuis hier, en Algérie du chef d'état-major des armées françaises, Pierre de
Villiers, ne peut laisser personne indifférent à la lumière des dernières
déclarations de son ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, assimilées tout
simplement à une déclaration de guerre contre les islamistes en Libye.
Le général d'armée n'est pas en visite de villégiature en Algérie, loin s'en faut, et on subodore que sa présence est en quelque sorte une tête de pont pour tâter le pouls d'Alger quant à une participation à une intervention militaire terrestre en Libye. Le Drian, dans son interview au «Figaro» a clairement signifié la coopération franco-algérienne sur ce dossier, des mesures, évoquant l'élargissement du dispositif militaire français au Mali jusqu'aux frontières libyennes, «en bonne intelligence avec les Algériens qui sont des acteurs majeurs de cette région et dont c'est aussi l'intérêt». L'empressement de Paris à impliquer Alger surprend dans la mesure où la position officielle algérienne est claire sur ce sujet. En effet, à plusieurs occasions les officiels algériens ont été catégoriques quant au refus de toute ingérence étrangère en Libye. En août dernier, le Premier ministre Abdelmalek Sellal avait réaffirmé depuis Washington la ferme intention de l'Algérie de ne pas intervenir militairement en Libye faisant prévaloir la constitution algérienne «qui interdit à nos troupes de traverser les frontières». Alger avait de nouveau affiché sa position vis-à-vis du dossier sécuritaire libyen en prônant la voie du dialogue pour en terminer avec les violences armées qui minent ce pays depuis la chute du régime de Kadhafi. Cette sortie de crise, Alger la voit indéniablement dans la mise en place d'un gouvernement de consensus avec l'aide des pays limitrophes. Lors de la rencontre des ministres des Affaires étrangères des pays voisins de la Libye, les 27 et 28 mai à Alger, le chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra, avait indiqué que la Libye a besoin du soutien des pays voisins pour régler ses problèmes internes «sans interférence étrangère». Quant à une quelconque intervention militaire extérieure, M. Sellal a été catégorique en affirmant ne pas accepter «d'interventions étrangères à nos frontières» quand on connait les conséquences de l'intervention de l'Otan en Libye sur instigation française et qui a conduit le pays dans l'impasse. «Une intervention étrangère : on sait quand elle démarre mais on ne sait pas quand elle se termine», expliquera-t-il en soulignant les risques de déstabilisation de la région en réponse aux velléités américaines d'intervenir militairement en Libye. La dernière réaction algérienne a été celle du ministre des Affaires étrangères qui doit également rencontrer le général d'armée Pierre de Villiers. Il affirme qu'il ne croyait pas que «de tels propos auraient été tenus par le responsable français et il est nécessaire de se référer à la déclaration intégrale du ministre». Concernant la visite du Chef d'état-major des armées françaises, il dira qu'elle était programmée depuis un moment et qu'elle a été annoncée lors de la visite à Alger de François Hollande. Malgré tous ces démentis, on est logiquement amené à croire que même si la visite entre dans le cadre «des visites de responsables français» elle n'échappera pas aux priorités de l'heure. Paris avait brandi la menace «djihadiste» appelant à «une opération militaire de grande ampleur» pour libérer la Libye en mettant en avant le danger qui plane sur «le processus politique démocratique» entamé par «la dégradation de la situation sécuritaire». Evoquant plus particulièrement le sud libyen, il le comparera à un terminal où viennent s'approvisionner les groupes terroristes «y compris en armes» et citera l'émir Droudkal ou Mokhtar Belmokhtar qui «y transitent régulièrement». Pourtant, à la lumière des derniers rebondissements au Moyen-Orient et la guerre déclarée contre l'Etat Islamique, on est plus enclin à penser qu'une intervention de l'armée française en Libye n'est pas d'actualité d'autant plus que Paris se dit prêt à se mobiliser militairement aux côtés de Washington pour frapper Daech. Paris met en place, en attendant de sceller le sort du front irakien, les premiers jalons «diplomatiques» pour préparer une éventuelle intervention en Libye en mobilisant «la communauté internationale». Par cette dernière, Le Drian faisait allusion à Bruxelles ainsi que la saisine de l'Assemblée générale des Nations unies. |
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