|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Hollande emboîte
le pas aux Américains et s'est posé, hier, sur le tarmac de l'aéroport de
Baghdad pour apporter, derechef, son soutien au nouveau gouvernement irakien
dirigé par Haïdar al-Abadi. Lors de sa visite en Irak, le président français
pourrait faire escale à Erbil, capitale de la région autonome du Kurdistan
irakien, qui reçoit des armes de Paris depuis août dernier pour faire face à
l'avancée des combattants de l'Etat islamique (EI). Deux jours auparavant,
c'était le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, qui était dans les murs de
la capitale irakienne après l'annonce de Barack Obama de frappes aériennes
contre les islamistes en Irak et Syrie. Le locataire de la Maison-Blanche a
déclaré son intention « d'agir contre l'EI en Syrie, comme en Irak ». La
France, quant à elle, s'est dite prête à utiliser ses bombardiers dans le cadre
d'une opération américaine en Irak mais a écarté jusqu'à présent une action en
Syrie. Dans sa quête d'une coalition internationale pour frapper l'EI,
Washington s'est rallié le soutien de dix pays arabes, à travers le pressing de
Djeddah, Bahreïn, les Emirats arabes unis, le Koweït, le Qatar, Oman, l'Egypte,
l'Irak, la Jordanie et le Liban ainsi que des plus grandes capitales
européennes. Conscients de leur rôle de leader dans la région, les Etats-Unis
d'Amérique ont compris que leur message pour faire adhérer les pays arabes
passe par l'Arabie Saoudite. La Turquie a confirmé qu'elle ne participerait pas
aux opérations armées, se concentrant « entièrement sur les opérations
humanitaires ». L'Allemagne a également exclu de participer à des frappes en
Syrie alors que Londres adopte une position qui n'exclut aucune alternative
affirmant toutefois, à l'instar de Bonn, qu'elle ne prendrait pas part à des
opérations en Syrie. Si l'engagement est signé, on ne connaît pas jusqu'à
maintenant le modus operandi de cette coalition alors que la seule certitude
reste l'engagement attendu de l'aviation américaine à travers des frappes
contre les positions de Daech en Syrie, plus particulièrement dans la province
septentrionale de Raqa où l'aéroport de Tabqa, dernier bastion de l'armée
régulière syrienne dans la région, était tombé, le mois dernier, entre les
mains des djihadistes de l'EI, en plus des quelque 150 frappes conduites depuis
le 8 août en Irak. Les forces de l'EI sont estimées par la CIA « entre 20.000
et 31.500 » combattants en Syrie et en Irak. Une nouvelle estimation de
l'agence américaine du renseignement dont l'évaluation précédente évoquait le
chiffre de 10.000 à 12.000 djihadistes en Syrie. Une hausse expliquée par
Langley par « un recrutement plus vigoureux depuis juin » renforcé par des
victoires sur le terrain et la proclamation du califat.
« Un acte d'agression » De son côté, Damas a mis en garde Washington contre des frappes sur son territoire sans son accord alors qu'on s'était dit prêt à coopérer avec la communauté internationale, y compris avec les Américains, pour lutter contre les djihadistes. Une demande qui restera, à n'en pas douter, sans réponse puisque d'ores et déjà, la Maison-Blanche a clairement laissé entendre que les Etats-Unis étaient prêts à agir sans l'accord de Damas, comme ils l'ont fait par le passé, allusion faite certainement à la tentative des forces spéciales américaines de libérer en juillet dernier ses ressortissants retenus en otage sur le sol syrien. Et pour lever toute équivoque quant à l'intention américaine de bombarder la Syrie sans l'aval de Damas, Jennifer Psaki, la porte-parole du département d'Etat a estimé qu'un ennemi commun ne signifiait pas automatiquement être du même côté. Moscou, quant à elle, a estimé que des frappes américaines contre l'EI en Syrie décidées sans l'aval de l'ONU constitueraient une « violation grossière» du droit international et « un acte d'agression ». La diplomatie russe a ironisé sur la stratégie américaine qui a « fermé les yeux » sur les exactions de l'EI en Syrie tout en s'interrogeant sur la volonté de la Maison-Blanche d'accroître l'assistance militaire aux rebelles syriens modérés. En effet, Américains et Saoudiens sont tombés d'accord pour renforcer l'aide à l'opposition syrienne à charge pour Djeddah de former et entraîner les rebelles syriens hostiles au régime en place alors que la France leur avait déjà livré des armes « autorisées », il y a plusieurs mois. Des rebelles « les seuls à participer à l'esprit démocratique », selon la conception toute américaine du Chef de l'Etat français. |
|