Conscient de
l'importance du dossier des réfugiés, en Algérie, le gouvernement s'attèle à le
résoudre, en minimisant, au maximum, les dégâts collatéraux. Loin d'être un
problème interne, ce dossier focalise toutes les attentions étrangères et il
n'est pas rare que le pays soit la cible d'attaques d'ONG manipulées, à propos
de la situation des réfugiés et des immigrants, en situation irrégulière. Dans
cette optique, Saida Benhabiles, la présidente du Croissant-Rouge algérien
(CRA) a annoncé, ce mardi soir et à partir de la wilaya de Mascara, que
l'Algérie est prête à venir en aide, aux Syriens et aux Africains, désirant
retourner dans leurs pays. Mme Benhabiles a indiqué, lors d'une conférence de
presse, animée à Bou-Hanifia, que le CRA s'était chargé d'acheter des billets
d'avion à 10 réfugiés syriens, issus de 2 familles, qui ont décidé de retourner
en Syrie, comme ce fut le cas, auparavant, pour 21 autres ressortissants
syriens qui ont quitté Mascara, cet été. La présidente du CRA se dit prête à
généraliser cette opération aux réfugiés africains répartis à travers plusieurs
wilayas du pays. Estimés à 12.000, selon certains chiffres, cités par la presse
nationale, les réfugiés syriens ont été accueillis, en Algérie dès 2012, alors
que la position de l'Algérie, dira encore Mme Benhabiles, traduit les valeurs
et les principes ancrées chez les Algériens, soucieux de rendre la pareille aux
Syriens qui les avaient soutenus, durant l'époque coloniale française. Une
prise en charge, loin de tous calculs politiciens, insiste-t-on, mais qui a
fini par rattraper Alger, au cœur d'un incident diplomatique avec Rabat. En
janvier dernier, la tension était montée d'un cran, entre les deux pays, en
raison d'accusations «gratuites» proférées par le Maroc, concernant une
supposée «reconduction de citoyens syriens, par les autorités algériennes». La
réaction ferme des autorités algériennes, rejetant, fermement, «les allégations
dénuées de tout fondement, invoquées par la partie marocaine» avait clôt la
passe d'armes diplomatique. La déclaration du ministère des Affaires étrangères
rappelle que «l'Algérie assume, pleinement, ses responsabilités, dans le cadre
du bon voisinage, malgré la charge importante qu'elle supporte, depuis des
années, en raison du nombre croissant d'immigrants subsahariens, refoulés par
les autorités marocaines, vers son territoire». En août dernier, Mounia Meslem,
la ministre de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition
féminine, alors en visite à Aïn Témouchent, avait évoqué les 25.000 réfugiés
subsahariens qui devront être pris en charge, à la faveur d'un nouveau plan
gouvernemental. Un dossier sensible qui a valu à l'Algérie d'être auditionnée,
en février 2013, par le Comité pour l'élimination de la discrimination raciale
(CERD) qui tenait sa 82ème session, à Genève. A propos du dossier des migrants
subsahariens, de nombreux membres du Comité s'étaient dits préoccupés, au sujet
de leur situation, en mentionnant des insultes, voire des attaques à leurs
domiciles. Des inquiétudes avaient, particulièrement, été exprimées au sujet de
la situation des immigrés, se trouvant en situation irrégulière, en Algérie. A
ce propos, la délégation algérienne avait expliqué qu'au départ l'Algérie était
considérée comme un territoire de passage pour les migrants illégaux, en
partance vers l'Europe, mais en raison des restrictions prises par l'Union
européenne, en matière de circulation transfrontalière, conjuguées aux opportunités
d'emploi en Algérie, le pays est devenu, à force, une terre d'exil. Depuis,
l'Algérie a mis en place un système qui prend en charge, aussi bien, les
aspects humains que ceux de sécurité. La délégation avait affirmé que, pendant
leur présence sur le territoire, les migrants illégaux bénéficient de leurs
droits, notamment en matière d'accès à la santé gratuite et à l'éducation pour
leurs enfants. Elle tiendra à rappeler que la question des migrants illégaux ne
relève pas de la Convention sur les réfugiés. Concernant cette dernière, elle
soulignera que le pays a ratifié la Convention de 1951 et son Protocole
additionnel et les applique. Elle a précisé qu'un bureau pour les apatrides et
réfugiés a été créé, auprès du ministère des Affaires étrangères, qui est
chargé d'examiner les demandes de statut de réfugiés et travaille, en étroite
relation, avec le Haut Commissariat pour les réfugiés (HCR), à Alger.