Nouvelle étape dans le processus de professionnalisation de l'Armée
nationale populaire entamé depuis plusieurs années et visant, à terme, de doter
le pays d'une armée de professionnels, avec de nouveaux attributs et de
nouvelles missions. C'est fait. La nouvelle loi relative au service national
publiée, ce lundi 8 septembre, au Journal Officiel, limite la durée
d'incorporation sous les drapeaux à 12 mois. La réduction de la durée de
mobilisation, promise par Bouteflika lors de la campagne électorale de la
présidentielle d'avril 2014, répond ainsi à une forte demande des jeunes, et à
d'autres enjeux de charmes politiques. Un cadeau, certes, pour ces derniers,
mais le cadeau arrange aussi l'institution militaire, engagée depuis une
quinzaine d'années dans un vaste projet de professionnalisation, lequel projet
requiert beaucoup plus des contractuels à durée déterminée afin de pourvoir
surtout l'institution en hommes de métier. L'armée ne pouvait, en effet, plus
continuer à prendre en charge convenablement des milliers de jeunes, avec tout
ce que cela suppose comme gestion, dépenses, infrastructures et programmes de
formation. Et elle l'a fait comprendre dès l'intronisation de Bouteflika à la
tête de la magistrature suprême, à travers deux vastes opérations de délivrance
des cartes de dispense du service national, dont ont bénéficié des milliers de
jeunes. La première à concerné la régularisation des jeunes nés entre 1977 et
1987, la seconde a touché les plus de 30 ans. Mais, si les faveurs en question
ont été souvent accompagnées par une certaine souplesse en matière
d'application de la loi relative au service national, ce n'est plus le cas
aujourd'hui. Constituée de 77 articles, la nouvelle loi interdit le recrutement
de ceux qui n'ont ni sursis, ni carte jaune, choses qui était plus ou moins
tolérées jusque-là. «Tout citoyen ne justifiant pas de sa situation régulière
vis-à-vis du service national ne peut être recruté dans le secteur public ou
privé, ou exercer une profession ou une activité libérale», stipule dans ce
sens l'article 7. Un article qui peut faire grimper les chiffres du chômage car
beaucoup de jeunes, sans justificatif vis-à-vis du service national, sont à la
recherche d'un emploi. Le texte précise aussi que «tout citoyen devant occuper
une fonction ou un poste de responsabilité au sein des institutions de l'Etat
et des organismes qui en dépendent, ou être investi d'une fonction élective,
doit être dégagé des obligations du service national». La loi accorde un suris
aux jeunes qui suivent des études ou des formations, dûment justifiées, ainsi
que la dispense du service national pour ceux qui apportent «la preuve qu'ils
représentent un cas social digne d'intérêt», mais pour les cas des insoumis, et
ceux qui sont sans argument solide à avancer, c'est le tribunal militaire qui
les attend. Et en matière de motivations accordées aux appelés du service
national, des motivations qui demeurent «à renforcer» selon l'avis de la
commission de la Défense nationale au Conseil de la Nation, chaque citoyen
passant son service national est «placé auprès de son employeur public ou
privé, dans une position dite de service national». Ainsi, s'il était en
activité avant de rejoindre les rangs de l'armée, le citoyen est réintégré
«immédiatement» dans son poste de travail d'origine, selon l'article 68, ou à
un poste équivalent, même en surnombre. Il s'agit d'un «droit», précise le même
texte en ajoutant que l'application de cette réintégration ne peut en aucun cas
excéder les six mois. Et, «le temps de service national est compté pour sa
durée effective dans le calcul de l'ancienneté de service exigé pour
l'avancement et la retraite», souligne la loi. Aussi, vu la
professionnalisation de l'armée, le jeune qui passe son service national doit
nécessairement faire preuve de labeur dans l'une des meilleures écoles du pays,
l'armée en l'occurrence, et la période passée sous les drapeaux sera
considérée, à juste titre, «comme une période d'expérience professionnelle pour
le recrutement».
En tout cas, la nouvelle loi sur le service national met surtout le
dossier bien à l'abri des surenchères politiciennes.