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Al Nosra exige une sortie de la liste noire

par Kharroubi Habib

Le Front Al Nosra, branche syrienne d'Al Qaïda qui a revendiqué l'enlèvement sur le plateau du Golan de plus de quarante Casques bleus fidjiens, a fait connaître ce qu'il exige en échange de leur libération. Pas moins d'abord que les Nations unies l'enlèvent de leur liste noire des organisations terroristes. S'y ajoute une demande d'envoi d'aide humanitaire au profit de son bastion près de Damas, de compensations financières pour trois de ses combattants probablement blessés au cours de l'opération qui a abouti à l'enlèvement des soldats fidjiens. Il demanderait aussi et enfin la libération du djihadiste Abou Moussa Al Souri, un responsable d'Al Qaïda arrêté au Pakistan en 2005 et actuellement détenu par les autorités syriennes.

Le Front Al Nosra affirme retenir les Casques bleus en représailles à la « complicité de l'ONU » avec le régime syrien qu'il combat. S'il s'en est pris aux soldats de la FNUOD, force chargée de l'observation du désengagement sur le plateau du Golan entre Israël et la Syrie, c'est en réalité parce que menant une offensive contre les positions de l'armée syrienne défendant la portion du plateau sous contrôle de Damas, la présence des soldats onusiens est susceptible de confirmer qu'il bénéficie du soutien multiforme de l'Etat sioniste. Il escompte que la menace qu'il fait planer sur le contingent onusien pousserait les Nations unies à le retirer.

Le Front Al Nosra qui assume publiquement son appartenance à la nébuleuse terroriste Al Qaïda et fait acte d'allégeance à son chef El Zawahiri, mais il est constaté malgré cela et les crimes terroristes qu'il commet en Syrie sous prétexte de combattre le régime de Damas et ses partisans au sein de la population syrienne que les puissances occidentales et les Etats arabes acharnés à faire tomber ce régime le perçoivent comme un allié de circonstance dans la guerre en Syrie dont il ne faut pas trop faire de « tapage » sur ses exactions et sa nature tout aussi extrémiste que celle de l'Etat islamique. Sans lui enlever l'étiquette d'organisation terroriste, les Américains et les Européens ont cessé de se braquer contre ce protagoniste dans la guerre civile syrienne pour ne voir de menace terroriste que celle dont l'Etat islamique est porteur. Cette attitude ce sont probablement les Qataris et les Saoudiens qui la leur ont fait adopter.

Bien que branche syrienne d'Al Qaïda que Ryadh et Doha prétendent combattre, le Front Al Nosra a dès sa constitution obtenu aides financières et en armement d'origine qatarie et saoudienne dont les services de renseignements américains et européens n'ignorent rien. L'hypocrisie de tout ce beau monde est qu'il crie au loup s'agissant de la menace terroriste islamiste mais qu'il n'hésite pas à contracter des alliances incestueuses avec certaines des organisations dont c'est la doctrine et le mode de combat. L'Amérique, Israël, les pétromonarchies et l'Europe en tant que supplétif partagent la même vision sur le remodelage géopolitique auquel soumettre le Moyen-Orient et plus largement l'ensemble du monde musulman. L'allié de leurs alliés acquis à ce dessein devient quand les circonstances l'exigent lui aussi un allié même inscrit sur une liste noire comme c'est le cas du Front Al Nosra dont les parrains et répondants sont Ryadh et Doha qui voient en lui un rival à opposer à l'Etat islamique dont la prétention à instaurer le khalifat islamique donne des sueurs froides à leurs familles régnantes.