
A quelques jours
du premier anniversaire de l'installation de Amar Saadani, au poste de
secrétaire général du FLN, la nouvelle du limogeage de Belkhadem, relevé de ses
fonctions, en qualité de ministre d'Etat, conseiller spécial à la présidence de
la République, et écarté du parti avec interdiction de participation aux
activités de l'ensemble de ses structures, ne peut que réjouir ceux-là qui
l'ont combattu avec âpreté, et qui ont fini par l'éloigner de la tête de la
direction du parti, un certain 29 août 2013, à l'hôtel Aurassi. « Sa mise en
retraite politique par le président de la République ne peut être que bénéfique
pour le parti », dira, sans ambages, M. Mazouzi, membre du Bureau politique et
chargé de l'Organique du parti FLN. Joint, hier, au téléphone, notre
interlocuteur précise qu' « on est tenu au FLN d'appliquer, scrupuleusement,
les termes de la décision de Bouteflika, dans son volet qui incombe aux
structures du parti ». Plus de doute, donc, Belkhadem est bien effacé du
paysage politique, du moins où il naviguait naguère, il n'aura même plus droit
à une carte de militant. Du coup, c'est toute la donne qui change de couleur,
au sein du FLN, en pleine préparation du 10ème congrès, dont la tenue est
annoncée pour le premier trimestre, de l'année 2015. Les motivations de la
décision du président de la République sont nombreuses, tout un registre de
notes et de constats répertoriés sur le « cas Belkhadem », sont acceptées comme
un fait indiscutable, mais si son effacement de l'horizon, sur le plan
fonctionnel, est consommé sans laisser de traces, son influence au sein du FLN
pourrait avoir des effets marquants sur la vie du parti.
Ex. secrétaire
général, dégagé de son poste avec seulement quelques voix en sa défaveur,
Belkhadem est soutenu, ces dernières semaines, par des opposants à Amar
Saadani, au sein l'équipe de Abderrahmane Belayat, notamment, qui l'ont même
présenté comme leur candidat, au poste de secrétaire général du parti. Pour
rappel, le 24 juin dernier, lors de la session du Comité central, Belkhadem qui
a déjà rejoint (ou renforcé) les rangs de ceux qui revendiquent la tenue d'une
session extraordinaire du Comité central et l'élection d'un nouveau secrétaire
général, n'a pas été admis à entrer dans la salle, à cause disait-on, de la
présence d'extras militants à ses côtés (ses gardes du corps). Et le climat des
préparatifs du prochain congrès s'annonçait très complexe avec ces divisions
dans les rangs qui font des ravages. Mais, aujourd'hui, tout change, à l'ombre
de la volonté exprimée par le président de la République et président d'honneur
du parti. Une aile, celle qui a penché pour Belkhadem ou pour laquelle a penché
ce dernier, est automatiquement affaiblie par les retombées de cette décision.
Ses cris et gesticulations ne feront plus d'adeptes, du moins. La volonté de
Amar Saadani d'aller vers un congrès rassembleur va, ainsi, son bonhomme de
chemin. Fini la récréation et la répudiation de Belkhadem devrait donner à
penser aux détracteurs de l'actuel secrétaire général du parti. « Le 10ème
congrès sera celui des militants, des véritables militants, indique M. Mazouzi,
et l'on aspire, à l'occasion, d'aller vers une démocratisation du parti. » Les
contours du 10ème congrès du FLN se dessinent à la faveur d'un nouveau
recentrage des intérêts. Il n'y a plus qu'à répondre à l'appel de Abdelkrim
Abada, et régler cette question de réintégration des redresseurs exclus, pour
construire le puzzle de la reconfiguration du parti. Le chargé de l'Organique
du FLN nous dira, dans ce sillage, que « Abada est un membre du Comité central,
comme tout autre membre, et nous sommes satisfaits qu'il revienne à la raison,
mais pour ce qui est de la réintégration des véritables militants du FLN qui
ont été exclus, cela fait partie des préoccupations du secrétaire général du
parti, qui a, dans son premier appel, tendu la main à tous les militants
authentiques, sans exclusion ». A demi-mot, Mazouzi confirme les divisions nées
au sein du Bureau politique, autour de cette question, du retour au bercail de
Abdelkrim Abada. « Qu'il revienne à la raison, oui. Mais sans fanfares »,
laisse entendre Mazouzi. Ce dernier soutenait, d'ailleurs, lorsqu'on l'a
interrogé à propos des effets du limogeage de Belkhadem, sur la vie du parti,
que le FLN ne ressentira aucun malaise, « la « zaâma » n'existe pas au FLN »,
a-t-il insisté à dire. Affaire de discipline ou pas, rien n'empêche la guerre
des positions au sein du FLN.