Grande figure de
la glorieuse lutte de libération nationale, Kerdjou Bensaada est décédé hier à
l'âge de 88 ans. La terrible nouvelle a circulé comme une trainée de poudre aux
quatre coins de la ville. Malade depuis un certain temps, le compagnon d'Ahmed
Zabana était un élément-clé de l'organisation secrète (OS) et un illustre
rescapé du retentissant procès de cette même organisation, tenu à Oran le 6
mars 1951. Retiré de la scène politique, très respecté pour ses qualités
morales irréprochables et son dévouement sans faille à sa patrie, oublié par
les uns et les autres, il est resté l'un des grands symboles vivant de
l'histoire glorieuse du peuple algérien, affranchi du joug colonial au prix
d'une longue lutte. Arrêté à l'âge de 19 ans en 1945, feu Kerdjou Bensaada
ravivera la flamme de la lutte armée à sa sortie de prison en intégrant la
section locale de Tiaret du PPA, sous l'égide du défunt président Ahmed
Benbella. Kerdjou Bensaada sera arrêté une deuxième fois en 1950 et mis en
détention à la prison d'Oran. Transféré à Serkadji le 24 mai 1951 sur
ordonnance de la Cour d'appel, Bensaada retrouvera des prisonniers de renom,
tels Ahmed Zabana, Hamou Boutlélis, Abane Ramdane, Ali Bekhatou et autres
grandes figures de la guerre d'indépendance. Malade mais très digne devant les
outrages du temps, Bensaada Kerdjou est parti sans jamais avoir bénéficié d'un
quelconque avantage ni eu droit à un hommage à la mesure de sa stature.
Une foule
nombreuse se préparait déjà hier en milieu de journée pour l'accompagner à sa
dernière demeure. Il était dit que les grands hommes ne meurent jamais, ils ne
font que rejoindre un? monde plus juste.