Les discours guerriers de l’Amérique et du reste de l’Europe, entraîné par la France, convergent vers l’élargissement des frappes aériennes contre les troupes de Daech, à la Syrie. Des déclarations et des confidences qui font penser de l’imminence d’une intervention militaire coordonnée de l’Otan, en Syrie, sous prétexte d’en finir avec l’Etat islamique, en Irak et au Levant ou l’EI. Ainsi, le président socialiste François Hollande a avoué que la France a livré des armes «autorisées», il y a plusieurs mois, aux rebelles syriens «les seuls à participer, à l’esprit démocratique», selon la conception, toute américaine, du chef de l’Etat français. Pour ce dernier qui s’appuie sur les «engagements de la France et conformément aux «règles de l’Union européenne», ces livraisons ont pour objectif d’armer les rebelles, pris en tenailles par les armées de Bachar al-Assad et par les troupes de l’EI. Si l’initiative était personnelle, il estime que la France ne peut «pas le faire seule» et demande la coopération de l’Europe et des Etats-Unis d’Amérique. Quant à l’Irak, François Hollande évoque, là aussi, les livraisons d’armes aux forces kurdes, engagées contre les combattants de l’EI dans le nord du pays, Paris étant la première à le faire avec, insiste le locataire de l’Elysée, «le plein assentiment des autorités de Bagdad». Il se dit satisfait que l’initiative française ait vu l’adhésion de certains pays européens, à l’image de l’Allemagne et l’Italie qui ont accepté de livrer des armes aux Peshmergas, ainsi que d’autres pays, sans les citer. Il a, également, souligné la force de Daech, des «terroristes mieux armés que les pays organisés qui les combattent». Un paradoxe qu’oublie François Hollande d’expliquer par les largesses occidentales vis-à-vis des groupes djihadistes qui ont envahi la Syrie, par les portes de la Turquie pour faire tomber, dans un premier temps, le régime d’Al-Assad. Le département américain d’Etat évoque, lui, quelque 12.000 combattants djihadistes étrangers, venant de 50 pays différents qui se sont rendus en Syrie, depuis le début du conflit, il y a plus de 3 ans. Du côté des Américains, on s’accorde à reconnaître, officiellement, le caractère de l’EI, qualifié de menace exceptionnelle, plus particulièrement, après l’exécution du journaliste américain James Foley. Le secrétaire américain à la Défense, Chuck Hagel, déclarait, 48 heures après la diffusion de la vidéo, montrant l’exécution du journaliste, que l’Etat islamique est «plus sophistiqué et mieux financé que tout autre groupe que nous ayons connu». Le chef d’état-major interarmées, le général Martin Dempsey, montrera, quant à lui, la direction à prendre pour frapper l’EI et qui passe, indéniablement, par la Syrie. «Pour défaire l’Etat islamique, qui contrôle de larges pans de territoires en Irak et en Syrie, il faudra s’y attaquer, aussi, en Syrie», a-t-il jugé. Une option militaire possible en présence, seulement, d’«une coalition en mesure de vaincre l’EI», précisera-t-il. Obama, de son côté, a appelé mercredi, «les gouvernements et les peuples du Moyen-Orient» à lutter contre l’Etat islamique. Sur le terrain des opérations, les Américains ont mené 90 frappes aériennes, en Irak, depuis le début des bombardements, le 8 août dernier. L’aviation américaine continuait jusqu’à jeudi, de maintenir la pression sur les forces de Daech avec 6 nouvelles frappes, aux environs du barrage stratégique de Mossoul, la deuxième plus grande ville du pays, repris, dimanche dernier, à l’EI par les forces kurdes et irakiennes.
Washington a, de nouveau, affirmé sa détermination à agir contre les djihadistes sunnites de l’EI et à poursuivre ses frappes, en Irak, malgré la menace de Daech d’exécuter un second otage américain, Steven Sotloff, également journaliste, si le pilonnage se poursuivait. Et toujours à propos des otages américains détenus par l’EI, le Pentagone a reconnu, pour la première fois, l’échec d’une tentative de ses forces spéciales de les libérer, en juillet dernier, en Syrie. Quant à Londres, elle soupçonne, fortement, le bourreau de Foley d’être un sujet de Sa Majesté, alors que pour le chef d’Interpol, Ronald Noble, cette implication probable d’un Britannique appelle à «la nécessité d’une réponse multilatérale contre la menace de terreur de combattants radicalisés transnationaux», au Moyen-Orient.