« Partenaire et
partie intégrante» dans la préparation du 10e congrès, voilà le fin mot unanime
des partisans du mouvement de redressement et d'authenticité. Conscient de
l'importance des enjeux qui se profilent à l'horizon, le coordinateur du
Mouvement de redressement, M. Abdelkrim Abada, a réuni hier ses troupes à
Constantine pour débattre justement des développements de la situation
conflictuelle au sein du parti et prendre des positions susceptibles de
provoquer le déclic et lui éviter une implosion inéluctable dans ce climat de
guerre des tranchées entre les partisans et les détracteurs de l'actuel
secrétaire général du FLN, M. Amar Saâdani en l'occurrence. Au FLN, l'échéance
du 10e congrès a vraisemblablement gelé les vacances pour plusieurs chefs de
file de différentes ailes protagonistes. Les dernières actions engagées par le
SG pour la création de nouvelles mouhafadhas ont provoqué une levée de
boucliers contre des agissements qu'on assimile «à une basse manœuvre à la
veille de la tenue du 10e congrès» dont la date est fixée au premier trimestre
de l'année 2015. Emboîtant le pas aux critiques de M. Abderrahmane Belayat, qui
agit toujours en sa qualité de coordinateur du parti, M. Abdelkrim Abada
dénonce avec fermeté la création de nouvelles mouhafadhas. «Plusieurs membres
du Bureau politique sont contre cette initiative», a affirmé hier le coordinateur
du Mouvement de redressement. Soulignant dans ce contexte qu'une telle
opération n'est pas fortuite à la veille du 10e congrès, car la manœuvre
nourrit clairement des velléités d'arithmétique afin de s'approprier la
majorité au sein des congressistes. Et puis, soutiendra-t-il, la création de
nouvelles mouhafadhas a semé la zizanie dans les rangs du parti, faisant des
émules un peu partout à travers le pays, à Sétif, à El Oued, à Tébessa?, où
plusieurs de ces régions importantes veulent désormais avoir leur mouhafadha
propre et distincte. «Il est possible de songer en toute sérénité à la création
de nouvelles mouhadhas, mais celles-ci doivent dépendre de la direction mère et
en aucun cas elles ne pourraient avoir une autonomie entière. Mais, de toute façon
et dans l'ensemble une telle action devrait émaner des recommandations du
congrès qui est le seul habilité à le faire et doit dans ce cadre charger le
Bureau politique d'engager une restructuration de cette envergure», en
conviendra M. Abdelkrim Abada. Ce dernier adoptera toutefois un ton plutôt
conciliant vis-à-vis du SG du parti avec lequel il déclare entretenir «une
relation de travail», prônant dans ce sens un recentrage de l'activité
politique au sein du parti autour des points qui pourraient «sauver le FLN d'un
naufrage inéluctable» dans un décor hostile. «Le 10e congrès est un virage très
important dans la vie du parti, laissera-t-il entendre non sans lancer que
l'avenir du parti dépendra de l'issue des travaux de ce 10e congrès, «soit le
parti retrouve sa pleine santé, ou il se laisse placer dans un musée»,
tranchera-t-il. Reconnaissant sans ambages qu'il existe une volonté manifeste
d'affaiblir le FLN. «Si on passe le cap du 10e congrès avec 60 ou 70% de
réussite dans les points inscrits à l'ordre du jour, on aura évité le clash.
Car il n'est pas du tout facile de déboulonner des gens malveillants qui ont
pris possession des rennes du parti depuis une dizaine d'années», relève M.
Abdelkrim Abada. Avec habileté, le coordinateur du Mouvement de redressement et
d'authenticité, ainsi que d'autres membres du groupe, semble se détacher
promptement du groupe de Belayat depuis que ce dernier a placé l'ex-SG du
parti, M. Abdelaziz Belkhadem, comme candidat en force à la tête de la
direction du parti. Sans trop insister sur sa qualité de SG, presque admise de
facto, on répètera lors des interventions des uns et des autres qu'il est un
ancien militant du parti, on lui reconnaîtra l'avantage de s'être dressé devant
les ambitions démesurées de l'ex-SG, certainement pour le distinguer des
«intrus» qui veulent mener le parti à sa ruine. Et aujourd'hui, c'est à lui
qu'on veut recourir pour intégrer les exclus de la mouvance des redresseurs.
«C'est à M. Amar Saâdani d'instruire les mouhafedhs pour procéder à l'intégration
des militants exclus», insistent auprès de leur coordinateur les membres du
Mouvement de redressement présents à la rencontre d'hier. Les redresseurs ne
veulent plus jouer à la politique de la chaise vide et rejoignent quelque part
le souhait du SG qui veut aller à un 10e congrès du parti «rassembleur», le
plus vite possible. Un pacte de paix est-il signé entre le SG et le Mouvement
de redressement et d'authenticité à la veille du 10e congrès ?