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Interdiction de mouvements de cheptels, fermeture des marchés à bestiaux et déclaration de la maladie : Les trois appels pressants des Services vétérinaires

par Ghania Oukazi

Malgré les contrôles serrés, des éleveurs ont réussi mardi dernier, à ramener des bovins de la wilaya de Batna jusqu'aux abattoirs de Rouiba.

Les mouvements du cheptel sont, pourtant, déclarés interdits, depuis que le virus de la fièvre aphteuse ait fait son apparition, dans le pays. C'est une décision des responsables du ministère de l'Agriculture qu'ils ont adoubée par la fermeture de l'ensemble des marchés à bestiaux, à travers le territoire national. Deux mesures qui permettent d'éviter la propagation du virus.

«Ce sont une vingtaine de têtes qui ont été ramenées de Batna, mardi dernier, et acheminées vers les abattoirs de Rouiba où elles ont été interceptées, les éleveurs doivent respecter, scrupuleusement, l'interdiction de déplacer les animaux pour que le virus ne se propage pas plus qu'il ne l'est aujourd'hui,» nous a déclaré, hier, Dr Boughanem, directeur des Services vétérinaires (DSV) au ministère de l'Agriculture. Il affirme, ainsi, que «les contrôles pour empêcher les mouvements du cheptel et garder, fermer, les marchés à bestiaux, sont stricts, les services de sécurité y veillent, à travers l'ensemble du pays, mais le territoire national est très vaste, et seul un respect scrupuleux de ces interdictions, par les éleveurs, peut permettre d'arriver à bout de cette épidémie.»

Il fait savoir qu'«au niveau central, nous sommes en contact direct avec les services de sécurité pour renforcer les contrôles, et au niveau local, ce sont les cellules mixtes qui font, à cet effet, quotidiennement, le point sur la situation sanitaire du cheptel.»

Dr Boughanem réitère l'appel, déjà lancé, à maintes reprises, par ses services et le ministère de l'Agriculture, en tant que tutelle. Appel qui exhorte les éleveurs à faire preuve de responsabilité et ne pas passer outre ces deux consignes. Le ministère de l'Agriculture dénombre, à ce jour, 16 wilayas contaminées dont une 17ème suspectée d'en avoir des foyers. Il s'agit de la wilaya de M'Sila mais on a appris, hier, du côté du ministère, que l'information a été infirmée par les Services vétérinaires locaux.

«LA VIANDE DES BETES INFECTEES EST COMESTIBLE»

«Toutes les enquêtes que nous avons menées et les tests médicaux faits ont révélé que la contamination est en relation directe avec le foyer d'origine, c'est-à-dire celui détecté à Sétif,» souligne Dr Boughanem.

Pour rappel, le virus de la fièvre aphteuse a été détecté à Bir El aârch, une bourgade de la wilaya de Sétif où sont concentrés près de 20.000 éleveurs spécialisés dans l'engraissement des taurillons. «Ils ont dû trouvé les bêtes à un prix moins cher, en Tunisie, ils les ont donc achetées et ramenées, sans se soucier des conséquences sur la santé du cheptel national,» nous disent des vétérinaires. Dr Boughanem reste optimiste, en notant que «malgré la propagation du virus, notre patrimoine laitier n'a pas été affecté parce que nous avons commencé par vacciner les vaches laitières qui, elles, sont élevées pour plusieurs années alors que les taurillons (mâles) ou veaux sont engraissés pendant quelques mois pour être abattus et versés à la consommation.» Il précise, alors, que «98% des taurillons infectés ont été sacrifiés et versés à la consommation.» Il insiste pour dire que «la viande des bêtes infectées est comestible, il n'y a aucun danger de santé publique, les citoyens peuvent l'acheter et la consommer, sans aucun problème.» Dr Boughanem estime que s'il y a panique depuis l'apparition du virus de la fièvre aphteuse, «c'est parce que ce virus est hautement contagieux, la fièvre aphteuse est d'ailleurs classée comme première maladie contagieuse, par l'OIE (Organisation internationale des épizooties ou santé animale) et elle engendre des conséquences économiques graves sur les animaux qui n'ont pas été vaccinés.» L'enjeu économique est, insiste-il, très important. Il rappelle que les services vétérinaires ont, toujours, procédé à des cycles annuels de vaccination pour éviter ce genre d'épidémie.

«LES AGRICULTEURS DOIVENT DECLARER LA MALADIE»

«Oui, depuis 1999, nous avons vacciné 1,6 million de têtes pour un effectif de près de 1,9 million», dit le DSV. Il précise, encore, que «les vaches laitières sont toutes vaccinées, contrairement, aux taurillons parce que ces derniers sont destinés, très tôt, à l'abattage.» Il souligne que le vaccin est gratuit et acheté uniquement par l'Etat. «Les vétérinaires vaccinent, gratuitement, les bêtes en se déplaçant chez les éleveurs. On en a, d'ailleurs, mobilisé près de 10 000 entre fonctionnaires (un peu plus de 2.000 vétérinaires) et privés,» affirme-t-il. Son autre appel aux éleveurs, tout aussi important que celui interdisant le mouvement du cheptel et l'ouverture des marchés à bestiaux, la déclaration de toute suspicion d'infection. «Tout éleveur qui suspecte l'apparition de la maladie, chez les bêtes, doit prendre tout de suite, attache avec les services vétérinaires locaux ou les services communaux,» recommande Dr Boughanem. La déclaration de la maladie par la profession est ainsi impérative. C'est la même démarche que doit suivre tout agriculteur qui voudrait faire vacciner ses bêtes, c'est-à-dire se rapprocher des services vétérinaires ou de la commune. «Il faut que tous les agriculteurs sachent que le vaccin contre le virus de la fièvre aphteuse n'est pas vendu sur le marché, il y a seulement deux producteurs étrangers qui le font à travers le monde et ne le vendent qu'aux autorités sanitaires publiques des Etats,» explique-t-il. La vente se fait sur commande par le pays acheteur sur la base du typage du virus.

Dernier point de situation, Dr Boughanem le résume : «nous sommes en plein pic de la maladie, on va avoir un plateau puis une chute, c'est une histoire de quelques semaines, espérons que les éleveurs respecteront scrupuleusement les consignes données parce que tout dépendra de l'application des mesures prises.»

Le matelas immunologique restera installé pour continuer la vaccination. En plus d'un don de vaccins de l'Union européenne, le ministère en recevra dans quelques jours, une quantité importante après avoir passé commande auprès de son fournisseur. En parallèle, il est fait obligation aux agriculteurs de désinfecter tout foyer de la maladie par l'épandage de chaux vive. «Ça donne de bons résultats,» rassure le DSV

Hier, le ministre de l'Agriculture, Abdelwahab Nouri était en inspection, dans la wilaya de Bejaïa où il devait annoncer des mesures complémentaires à celles déjà prises pour freiner l'épidémie et indemniser les agriculteurs dont les bêtes ont été déclarées infectées et abattues sur ordre du vétérinaire.