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Tous les regards sont désormais braqués sur le déroulement de l'enquête
qui s'annonce longue et difficile et qui devrait faire toute la lumière sur les
circonstances du crash du vol AH 5017 survenu le 24 juillet dernier au nord de
la ville malienne de Gao. Un moment dépassées les velléités d'exploitation
politique du drame à cause notamment de la crainte d'un retour d'ascenseur vide
au vu des difficultés qui commencent déjà à se faire jour pour tenir parole
pour les uns et rapatrier tous les corps vers la France ou encore de chercher
mordicus à ce qu'on ne touche pas à la « sacro-sainte » souveraineté des
autres, sans avoir en main tous les arguments nécessaires, tout le monde a
baissé le ton d'un cran. Tous les pays concernés par cette catastrophe aérienne
se rejoignent désormais dans leurs efforts pour arriver à la vérité, faire
l'histoire angoissante des derniers moments vécus par les passagers dont le
nombre reste encore objet de contradiction, 118 passagers selon les
déclarations des responsables français, 116 selon les déclarations des
responsables algériens, du vol qui s'est crashé dans une région des plus
hostiles de la planète.
Des informations judiciaires sont ouvertes à Paris et Alger et le gouvernement malien a indiqué avoir fait de même après l'annonce de la découverte des débris de l'avion, ainsi que le Burkina Faso et l'Algérie. « La coopération internationale est à l'œuvre pour que nous sachions ce qui est advenu de l'appareil (...) Ce qui doit être fait le sera en partenariat entre nos différents pays: l'Algérie, la France, le Burkina Faso et le Mali», a assuré le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta. Le droit international est presque sauf, il est scrupuleusement respecté par toutes les parties. Alger, de son côté, reconnaît tacitement à la France la maîtrise des éléments techniques et moyens d'investigation, lui confiant de ce fait, en accord avec le Mali, la mission de l'exploitation des informations contenues dans les deux boîtes noires de l'avion. La première boîte noire avait été récupérée vendredi par l'armée française sur le site du crash dans la zone de Gossi, à environ 100 km de Gao, la plus grande ville du nord malien. La seconde l'avait été samedi par des experts de la mission de l'ONU au Mali (Minusma) avant qu'elles ne soient toutes deux remises aux Maliens et Algériens et emmenées ensuite le dimanche à Bamako par une délégation conduite sur place par le ministre malien des Transports, Mamadou Hachim Koumaré et son homologue algérien, Amar Ghoul, comme l'a indiqué le ministre malien de l'Information et de la Communication, Mahamadou Camara. Les deux ministres prendront enfin soin de les remettre sur place au Bureau français d'enquêtes et d'analyses (BEA). Toute une acrobatie qui peut en cours de route altérer les preuves qu'elles referment. Mais il y a bien une volonté commune d'étouffer les prémices d'un retour au froid dans les relations bilatérales entre l'Algérie et la France. M. Sellal qui présentait, lundi, ses condoléances aux familles des victimes au nom du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a indiqué que « l'Etat algérien a accompli son devoir et une enquête est menée pour déterminer les causes de ce tragique accident en coordination et en étroite collaboration entre l'Algérie, le Mali et la France », non sans souligner que « l'Etat algérien suit l'affaire du crash depuis la première information parvenue». Quant à vouloir « rapatrier tous les corps vers Paris, une déclaration à l'origine de l'agacement des autorités algériennes, le président français n'en revendique plus la paternité, car il n'y a pratiquement pas de corps à rapatrier. « Je ne pense pas qu'on puisse reconstituer les corps, ils ont été éparpillés, dispersés. Je ne suis pas sûr qu'on puisse en retrouver certains », a prévenu à ce propos le chef d'état-major particulier du président burkinabè, le général Gilbert Diendiéré. Cependant, la France n'en continue pas moins de considérer ce dossier comme faisant partie d'une intégrité territoriale indiscutable. « La récupération d'importants intérêts politiques et économiques est vitale pour François Hollande, en mal de popularité dans les sondages de ce mois de juillet qui s'achève », estiment aussi certains analystes au sujet de la gestion du crash qui remet en quelque sorte au devant de la scène l'intervention militaire « réussie » de la France au Mali, au mois de janvier 2013. Face à ces frémissements politico-diplomatiques, l'enquête est confrontée, elle, à d'énormes difficultés. Les paramètres du vol AH5017 d'Air Algérie (vitesse, altitude, trajectoire, etc.) ont été extraits de la boîte noire, mais la récupération des conversations dans le cockpit contenues dans la seconde boîte noire, très endommagée, était toujours en cours lundi soir, selon une information des enquêteurs français, renforcés dans leur mission par des experts maliens, espagnols, algériens, ainsi que des américains, nationalité du fabricant de l'avion. « Les enquêteurs du BEA (Bureau d'enquêtes et d'analyses, chargé de l'enquête technique) ont pu rapidement extraire les données de l'enregistreur de paramètres. (...) L'enregistreur phonique a été endommagé par l'impact. Le travail sur cet enregistreur se poursuit pour en extraire les données », indique le BEA sur son site internet. Les débris de l'avion, un MD-83, retrouvés vendredi laissent croire qu'il a piqué du nez vers le sol et s'est désintégré dans le choc violent de l'impact qui s'en est suivi. Mais, il est actuellement « trop tôt pour faire la moindre hypothèse » sur la cause de l'accident, selon les enquêteurs du BEA, même si certains spécialistes privilégient déjà la piste des mauvaises conditions météorologiques. |
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