Le nombre de
mendiants augmente, de jour en jour, à Oran, surtout à l'approche des fêtes
religieuses. Ces derniers jours, on les trouve partout : aux feux de
signalisation, à l'entrée des mosquées, des écoles, des restaurants et aux
arrêts de bus. Certains vont, même jusqu'à faire du porte-à-porte pour demander
la ?zakat' de l'Aïd ! Ces gens qui tendent les mains pour demander l'aumône
ont, chacun, sa méthode. Cette pratique, bien qu'interdite par la loi, prend de
l'ampleur et les mendiants professionnels s'organisent, de plus en plus, dans
des réseaux. Des réseaux qui emploient surtout les femmes et les enfants.
Depuis le début du mois de Ramadhan, on assiste à une prolifération généralisée
de mendiants syriens, subsahariens et algériens. Ont les trouve partout, devant
les mosquées, les carrefours, devant les magasins, les banques? Ce mois sacré
devenu pour certains une période faste pour profiter de la générosité des
jeûneurs, n'hésitent pas à devenir mendiants. Un phénomène qui constitue un
véritable casse-tête pour la population. Avant le mois de Ramadhan, la
direction de l'Action sociale d?Oran a recensé près de 2.400 personnes
s'adonnant à la mendicité, dont près de 540 enfants. Durant ce mois de Ramadhan
leur nombre a augmenté et l'utilisation d'enfants, en bas-âge, dans la
mendicité gagne, de plus en plus, de terrain. Profitant de l'ambiance
spirituelle de ce mois sacré et du sentiment de solidarité chez les citoyens,
handicapés, charlatans, vieux et jeunes, femmes, hommes et enfants fusent, de toutes
parts, pour occuper les espaces publics. Rien n'est laissé au hasard, des
mendiants qui choisissent des formules toujours, plus astucieuses. Ces
malheureux enfants mendient, toute la journée, sous un soleil de plomb. Des
femmes très jeunes, avec des enfants, souvent des bébés de quelques mois, voire
de quelques semaines, ainsi que des adolescents, envahissent, chaque matin, les
artères de la ville d'Oran, à l'instar des grandes villes dans d'autres
wilayas. La majorité sont venus de différentes villes, voire même de wilayas
lointaines. Adossés aux murs ou couchés à même le sol, ces quémandeurs mettent
à terre tout le paquetage : bébés, couches, biberons, boîtes de lait,
ordonnances, boîtes de médicaments... avant d'entamer leur litanie. Ultime
échappatoire pour certains citoyens excédés par la misère de la vie
quotidienne, le chômage et la précarité, moyen de doubler ses gains pour
d'autres ; peu importe la définition ; la mendicité demeure, pour ces passants,
le reflet de la misère sociale qui s'est emparée de certains couches sociales.
A Oran, ils sont des dizaines à squatter, régulièrement, les trottoirs. Des
personnes âgées, handicapées, des femmes et enfants en bas-âge. Chacun, à sa
manière, aborde les passants et arrive parfois même à les agresser, jusqu'à ce
que la personne cède. Pour les hommes, c'est souvent au niveau des mosquées
qu'ils quémandent la charité en invoquant différents motifs à même de
sensibiliser tous les fidèles, les uns pour compléter leurs voyages pour des
destinations lointaines, les autres pour y subir une intervention chirurgicale,
l'achat de médicaments ou des analyses, avec présentation de documents vrais ou
faux, pour confirmer le bien-fondé de leurs demandes. Les exemples ne manquent
pas. En dépit des efforts des services de la l'Action sociale pour assainir la
situation, les mendiants refusent de se rendre à Diars Erahma ou aux asiles
pour personnes âgées et démunies, tout simplement parce qu'ils (et elles)
trouvent leurs comptes, dans les rues, au lieu d'aller se reposer dans ces
pensions. Par ailleurs et dans le cadre d'endiguer le phénomène de la
mendicité, plusieurs opérations de ramassage de mendiants, initiées,
conjointement, par le Croissant-Rouge algérien d'Oran, l'Action sociale et la
police, ainsi que le Samu, ont été effectuées dans les principales artères de
la ville d'Oran, principalement ses rues «vitrines», Khémisti, Ben M'hidi Front
de mer, Mostaganem, où pullulent ces professionnels de la manche.