La catastrophe
aérienne survenue jeudi entre Ouagadougou et Alger a été largement commentée
par les médias canadiens tous genres confondus: journaux, réseaux de
télévision, radio et informations électroniques. A longueur de journée,
l'information était reprise avec la participation de spécialistes en
aéronautique pour tenter de clarifier les causes du crash. Il y a eu même des
interventions de journalistes algériens depuis Alger pour reprendre l'essentiel
des conférences de presse. C'est dire toute l'importance de la couverture
médiatique accordée à l'écrasement de l'avion affrété par Air Algérie auprès
d'une compagnie espagnole. Le crash a même fait l'objet de manchettes de
plusieurs bulletins. La télévision de Radio-Canada faisait presque tourner
l'information en boucle. Dans l'émission «24 heures en 60 minutes», le Réseau
De l'Information (RDI de Radio-Canada) a consacré par moins de 30 minutes au
sujet. Selon le quotidien montréalais, La Presse, au moins trois familles
québécoises sont touchées par l'écrasement du vol AH 5017 d'Air Algérie, qui a
fait cinq victimes originaires de la province. Isabelle Prévost, une femme
québécoise de 35 ans, était à bord de l'avion. Sa famille s'est réunie jeudi
dans la maison qu'elle habite, à Sherbrooke, après avoir appris la nouvelle. Au
téléphone, son père l'a décrit comme «une maman très dévouée». Son conjoint et
ses trois enfants de 5, 7 et 8 ans étaient restés au Québec pendant son voyage.
La mère de famille s'était envolée pour le Burkina Faso le 14 juillet avec un
couple d'amis burkinabés et leurs enfants, qui résident à Longueuil. Ils se
sont tous rendus au 50e anniversaire de mariage des parents du père de la
famille longueuilloise. Mercredi, ils sont tous montés à bord du vol AH 5017.
Ils y ont laissé leur vie. En Outaouais, un technologue de l'hôpital de
Buckingham a perdu sa femme et ses deux enfants. Ses proches avaient pris
l'avion à Ouagadougou afin de venir rejoindre celui qui habite en Outaouais
depuis quelques années. Ils venaient eux aussi habiter au Québec. Au total,
cinq Québécois seraient décédés dans l'écrasement d'avion. Ils seraient
originaires de la grande région de Montréal. Selon la dernière liste fournie
par la compagnie, l'avion a décollé de Ouagadougou avec 50 Français, 24
Burkinabés, huit Libanais, six Algériens, six Espagnols, cinq Canadiens, quatre
Allemands et deux Luxembourgeois. Il y avait aussi un Belge, un Camerounais, un
Egyptien, un Malien, un Nigérien, un Roumain, un Suisse, un Ukrainien et «3
nationalités en cours de recherche».
Originaire du
Burkina Faso, M. Mamadou Zoungrana attendait son épouse et ses deux garçons
âgés de 6 et 13 ans. Ces derniers feraient partie des 110 passagers qui
prenaient place à bord de l'avion. L'homme faisait des efforts depuis deux ans
afin d'avoir les ressources nécessaires pour faire venir sa famille au Canada.
En entrevue au Télé journal Ottawa-Gatineau, M. Zoungrada a confié qu'il devait
accueillir sa famille jeudi soir à Montréal. C'est lui-même qui avait réservé
les billets d'avion. «Je ne peux me mettre en tête l'idée que ma famille ne
viendra pas me rejoindre, a-t-il dit. Ça fait deux ans que je les attends...»