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Israël intensifie ses bombardements : Ghaza face au silence arabe et les dollars US

par Yazid Alilat

L'opération militaire «barrière protectrice», déclenchée il y a neuf jours par Israël contre la population de l'enclave palestinienne de Ghaza pour soi-disant venger la mort de trois Israéliens, est en train de se transformer en véritable massacre, en direct sur toutes les TV du monde. Hier mercredi, au 9e jour de cette agression, plus de 210 personnes, dont des femmes et des enfants, ont été tuées dans les raids aériens et navals contre cette enclave de Ghaza. Pis, après le rejet par Hamas d'une proposition égyptienne de cessez-le-feu, Israël, par la voie de son Premier ministre a pris l'excuse au vol pour annoncer qu'elle va intensifier ses bombardements de la bande de Ghaza. Une quarantaine de raids ont été ainsi menés durant la nuit de mardi à mercredi, et qui ont visé notamment des maisons de responsables palestiniens.

Dans la journée de mercredi, onze Palestiniens ont été tués dans une série de frappes, essentiellement dans le sud du territoire, dont un enfant de 10 ans et une femme de 65. Après avoir assassiné plus de 208 personnes et blessés 1.500 autres dans cette agression dénoncée par la communauté internationale, l'armée israélienne a appelé la population du nord de Ghaza à quitter la zone. L'appel, lancé hier à l'aube, concerne quelque 100.000 habitants du nord de l'enclave qui devaient quitter les lieux en prévision de bombardements massifs. Le justificatif est vite trouvé: «le Hamas et d'autres organisations terroristes ont continué de tirer des roquettes, c'est pourquoi Tsahal a l'intention de mener des frappes aériennes contre des sites terroristes», indiquent des tracts, assurant aux habitants ne pas vouloir leur «faire de mal». Aucune fuite massive des habitants n'a été cependant enregistrée, les habitants soulignant n'avoir nulle part où aller sur ce petit territoire parmi les plus densément peuplés de la planète. «Ils larguent ces tracts depuis leurs avions pour dire aux gens ordinaires d'évacuer. Mais où devons-nous aller ? Mieux vaut rester et mourir dans nos maisons», s'est exclamé Fasel Hassan. Les bombardements de l'aviation israélienne ont été vivement critiqués par les ONG, dont Human Rights Watch, qui a dénoncé les méthodes de guerre d'Israël, évoquant des «attaques illégales» et des «crimes de guerre». En outre, une dizaine d'ONG israéliennes ont vivement critiqué les méthodes de l'armée, jugeant que ces mises en garde ne signifient pas «qu'il n'y a plus de civils dans la zone» d'autant que «les résidents sont de facto confinés à la bande de Ghaza et n'ont pas de réelles possibilités de fuite». Par ailleurs, une opération au sol reste potentielle avec le rassemblement de troupes et de matériels militaires près de l'enclave. «Le principal dilemme est l'opération terrestre», note Giora Eiland, l'ex-directeur du Conseil national de sécurité israélien, y voyant le seul moyen de «réellement détruire» le réseau de tunnels du Hamas. «Il semblerait qu'on aille dans cette direction, compte tenu des limites des frappes aériennes», a-t-il ajouté.

LA PISTE D'UN ARRET DES HOSTILITES TOUJOURS ACTIVE

Pour autant, la porte du dialogue et la recherche d'un cessez-le-feu n'est pas totalement refermée. Un responsable du Hamas devait rencontrer hier au Caire un médiateur égyptien pour discuter d'une éventuelle fin des hostilités entre le Hamas et Israël. Le président palestinien Mahmoud Abbas était également attendu dans la capitale égyptienne pour des discussions sur un éventuel cessez-le-feu. Hamas avait rejeté la trêve proposée lundi par l'Egypte sans un accord global sur la fin du blocus de Ghaza, l'ouverture du poste-frontière avec l'Egypte et la libération de détenus. «Une réunion doit se tenir cet après-midi entre un responsable du Hamas et un représentant de la direction égyptienne», a déclaré Azzam al-Ahmed, un responsable du Fatah du président Mahmoud Abbas, lors d'une réunion de la Ligue arabe au Caire. Par ailleurs, la diplomatie est toujours activée pour tenter d'arriver à un cessez-le-feu et l'arrêt de l'agression israélienne contre les populations de la bande de Ghaza. Outre les chefs de la diplomatie d'Italie et d'Allemagne, déjà sur place, le représentant du Quartette est également au Caire où il a rencontré le président Al Sissi, au lendemain de la réunion extraordinaire de la Ligue arabe. Le secrétaire d'Etat John Kerry s'est dit prêt à retourner immédiatement dans la région si cela pouvait aider toutes les parties à signer un cessez-le-feu pour mettre fin à l'agression israélienne.

Les pays arabes, quant à eux, sont restés silencieux, juste après la fin de la réunion du Caire, et la traditionnelle condamnation de circonstance de l'agression sioniste. Car Israël n'aurait jamais pu maintenir son terrorisme d'Etat, son arrogance et le déni de justice vis-à-vis des Palestiniens, s'il n'y avait pas derrière les Etats-Unis, devenus pratiquement un territoire délocalisé d'Israël. Mardi, une commission du Sénat américain avait approuvé une hausse de moitié de l'aide financière américaine au système israélien de défense anti-missiles Iron Dome, utilisé actuellement par Israël pour abattre les roquettes tirées depuis la bande de Ghaza. Les sénateurs ont approuvé une enveloppe de 351 millions de dollars pour financer ce système d'interception durant l'année budgétaire 2015, qui commence le 1er octobre, contre 235 millions en 2014. Au total, les Etats-Unis ont prévu de dépenser 30 milliards de dollars d'aide militaire à Israël entre 2009 et 2018. En 2014, Israël a reçu 3,1 milliards de dollars d'aide militaire.