Les marchés foisonnent en ce mois de Ramadhan d'anciennes et de nouvelles
marques de boissons, de plats, de gâteaux traditionnels? Tout pour attirer le
jeûneur. Sur une table improvisée en stand commercial en pleine rue, des jeunes
vendaient des sachets de boisson jaunâtre où nageaient en surface deux petits
morceaux de citron. On ne peut pas se tromper, d'ailleurs c'est écrit en gros
caractères, ici on vend de la «Cherbet de Boufarik», l'originale SVP, tient-on
à préciser. A 50 dinars le sachet de Cherbet, le consommateur achète sans
savoir comment on a confectionné cette boisson, ni quels produits a-t-on
utilisés pour le besoin de la préparation de cette Cherbet de Boufarik. Totalement
à la merci de la soif, le jeûneur voit ce sachet de Cherbet comme un trésor
qu'il faut absolument emporter avec soi à la maison, même s'il faut pour cela
payer 50 ou 60 dinars. Et le prix n'est pas ce qui peut causer le plus gros des
soucis. Exposés dehors, à la chaleur et la poussière, les sachets très fins
dont le contenu douteux d'un volume équivalent à un litre, selon une estimation
approximative, n'ont jamais fait l'objet d'une quelconque opération de contrôle
des services d'hygiène. «Je vends la Cherbet depuis le début du mois de
Ramadhan, je suis même arrivé à me faire une clientèle fidèle qui passe chaque
jour s'approvisionner, et personne ne m'a jamais reproché quoi que ce soit sur
la qualité de la boisson», nous dira un vendeur de Cherbet installé à
l'intérieur d'un grand marché à la nouvelle ville Ali Mendjeli. C'est de
l'arnaque pure, et ce petit sachet jaune qu'on remplit d'eau colorée et qu'on
assimile à de la Cherbet de Boufarik n'est pas un cas unique sur le registre
des arnaques du mois de Ramadhan. Le registre est assez fourni, et dans
l'ensemble tous les produits portent des noms de régions réputées spécialisées
dans la préparation de tel ou tel plat. De la Cherbet de Boufarik, on passe à
la Doubara biskria. Là aussi, ceux qui connaissent la vraie Doubara peuvent en
témoigner, c'est de l'arnaque. Quelques ingrédients piquants, oignons, fèves,
pois chiches, des morceaux de tomate coupés en dès, on mélange le tout et on le
sert à 150 dinars. Il y a foule devant les vendeurs de Doubara biskria. Le
consommateur est berné dans son jeûne. Pareille pour la ?'Kalb Elouze dziria'',
cédée entre 30 et 50 dinars, et qui n'a rien à voir avec le vrai Kalb elouz
algérois. Même à la Zlabia, on lui trouve une contrée spécialisée. Certes, la
Zlabia de Boufarik a bien gagné sa réputation, mais de là à lui coller une
étiquette dans un sombre local, c'est de la tromperie sur la marchandise.