Alors que des
centaines de détenteurs de compte courant postal (CCP) sont confrontés à des
difficultés incommensurables pour retirer leur argent, en raison de la
non-disponibilité des chéquiers, quelque 10.000 carnets chèques croupissent,
depuis plusieurs mois, dans les agences postales. La direction d'Algérie-Poste
pointe du doigt les usagers qui n'ont pas daigné récupérer leurs chéquiers. Il
s'agit-là d'une demi-vérité car les responsables de l'opérateur public omettent
de préciser que la majorité des détenteurs de ces chéquiers ne sont pas avertis
par les services d'AP comme stipule la procédure de délivrance des carnets de
chèques. Un avis d'arrivée doit être adressé au bénéficiaire du chéquier, après
l'arrivée de ce document au bureau de poste. Le bénéficiaire est tenu de le
retirer, impérativement, dans les 15 jours qui suivent. Si, toutefois, le
carnet n'est pas retiré au bout de cette période, le chéquier retourne au
Centre des chèques postaux et sera détruit, par mesure de sécurité. Qu'en
est-il dans la réalité ? Les demandeurs des chéquiers sont souvent ballottés,
durant plusieurs semaines, entre le Centre des chèques postaux d'Es Senia et
les agences postales. La quête du carnet de chèque peut durer des mois pour
certains usagers. Nombreux sont contraints de faire plusieurs demandes avant
d'en un . Ces retards dans la distribution des chéquiers pénalisent,
lourdement, les détenteurs des CCP qui se trouvent, souvent, dans l'obligation
de quémander un chèque secours pour retirer leurs salaires. Le problème, qui
réside, en fait, dans le réseau de distribution de l'opérateur public, ne
concerne pas, uniquement, les chéquiers. Les missives urgentes et les
convocations judiciaires ou des examens et concours de recrutement n'arrivent
jamais à destination, dans certaines zones, causant, dans de nombreux cas, de
graves désagréments aux habitants. Des zones entières de la wilaya ne reçoivent
plus de courrier postal, en raison d'un gros déficit en facteurs. Les habitants
des nouvelles cités (AADL/LSP et social) à Oran-est ont perdu tout espoir de
voir un facteur débarquer, chez eux, pour distribuer leur courrier. Depuis
plusieurs années, des cités entières de la zone-est ne sont plus desservies par
les facteurs. Les habitants sont souvent obligés de se déplacer jusqu'à la
poste de Haï Es Sabah pour récupérer leur courrier. Le comble est que, même
quand l'usager se présente, en personne, à l'agence postale, il n'est nullement
sûr qu'il sorte avec son carnet de chèques. Les usagers sont fréquemment
rabroués par les préposés au guichet qui refusent de fouiner dans les
amoncellements de courrier. De nombreuses agences postales croulent, en effet,
sous les amas de courriers, à Oran. Dénicher une lettre ou un carnet de
chèques, dans ce tohu-bohu, est vécu comme une corvée pour les receveurs qui
manquent, souvent d'effectif. «J'ai attendu une notification de la Caisse de
retraite, durant plusieurs semaines, mais en vain. Je me suis déplacé au siège
de la CNR, situé à Dar El Beïda où j'ai appris que la notification a été
envoyée, il y a plus d'un mois. Je me suis rendu à l'agence postale et devant
mon insistance, le receveur m'a fait entrer dans une salle où étaient
entreposées des montagnes de courriers. Il m'a fallu beaucoup de courage et de
patience pour trouver ma notification dans cet amas de papier», raconte ce
vieux retraité. Dire que 10.000 chéquiers ont été «abandonnés» par les usagers,
c'est signer un chèque à blanc à une poste qui n'arrive même pas à livrer un
courrier à destination.