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L'état de grâce c'est fini pour le nouveau président
égyptien Abdel-Fattah Al Sissi. Il va lui falloir faire avec la grogne
populaire qui couve dans le pays suite à l'augmentation drastique du prix de
l'essence décidée par le gouvernement et l'annonce d'une révision à la hausse
des impôts.
D'autres mesures tout aussi impopulaires mais justifiées au regard de la gravité de la situation économique et financière que connaît le pays vont s'ensuivre et être cause d'un mouvement de contestation sociale dont pâtira la popularité d'Al Sissi. Si jusqu'à maintenant le pouvoir qui a succédé à celui du président islamiste déchu n'a eu à faire qu'à une contestation de rue entretenue par les partisans de ce dernier et à la vague de violence terroriste déclenchée aussitôt sa destitution intervenue, les mesures prises par le gouvernement ou qui vont l'être lui vaudront de se trouver confronté à une opposition plus large. Al Sissi a tenté dimanche de justifier les décisions de son gouvernement en faisant valoir qu'elles ont été rendues inévitables par l'état catastrophique de l'économie nationale et la nécessité d'enrayer le déficit accablant du budget égyptien. Il est vrai que le nouveau président égyptien a hérité d'une situation en ces domaines qui demande effectivement le recours à un tour de vis en matière d'austérité et de gestion des ressources financières du pays. Mais pour aussi indispensable que va être la cure d'austérité à laquelle Al Sissi a demandé aux Egyptiens de se plier pour l'aider à réaliser sa promesse électorale de relever et relancer rapidement l'économie du pays, il est clair qu'elle aura pour conséquence d'attiser la frustration populaire car la grande majorité du peuple égyptien subit déjà des conditions d'existence qui sont intenables. Al Sissi dont la conception autoritaire de l'exercice du pouvoir est avérée, a eu la main lourde contre les premières manifestations suscitées par les mesures gouvernementales. Ce qui lui vaut l'effritement de sa popularité et très probablement la relance d'une contestation de rue qui n'aura pas que les islamistes pro-Morsi pour acteurs. A tort ou à raison, les Egyptiens ont plébiscité l'ex-chef de l'armée en voyant en lui l'homme en mesure de faire barrage à la menace islamiste qui plane sur le pays, mais ils sont nombreux à déchanter en constatant qu'avec son arrivée au pouvoir l'Egypte est en train de connaître un retour rampant mais inexorable des tenants de l'ancien régime auquel présidait Hosni Moubarak. La répression qui s'est abattue en Egypte ne s'exerce pas uniquement contre les Frères musulmans ou les islamistes qui pratiquent la violence et le terrorisme, mais aussi contre tous les citoyens qui s'avisent d'exprimer leur opposition à la tournure qu'ont prise les événements dans le pays avec Al Sissi à sa tête. Particulièrement ceux qui l'accusent d'avoir confisqué la révolution de la place Tahrir et d'œuvrer à en effacer les acquis démocratiques et les généreuses revendications. Tant qu'il n'a que les Frères musulmans et les islamistes ayant versé dans la violence terroriste comme contestataires de son régime, Al Sissi bénéficiera de la «compréhension» des partenaires étrangers dont les aides sont vitales pour l'Egypte dans son contexte actuel. Il perdra à coup sûr celle-ci s'il s'avise de traiter par les mêmes méthodes celle que sont en train de faire naître les mesures et décisions gouvernementales au plan économique et financier. L'avenir de l'Egypte ne semble pas s'être éclairci avec l'accession au pouvoir de l'ex-maréchal qui à l'évidence est un adepte de la manière forte s'agissant de conduire les destinées de son pays. |
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