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Les consultations sur la révision de la Constitution pilotées
pour le compte du pouvoir par le directeur de cabinet de la présidence Ahmed
Ouyahia prendront fin cette semaine. Ce qu'il en sortira, le pouvoir et
l'opposition le déclarent comme allant confirmer l'objectif ayant été assigné
aux consultations. Leurs perceptions de la finalité de celles-ci sont
évidemment totalement contradictoires.
Le pouvoir a déclaré les avoir initiées pour construire un consensus national autour d'une révision de la Constitution appelée à consolider la cohésion de la nation. Tandis que l'opposition qui les a boycottées n'y voit qu'un subterfuge destiné à masquer un amendement de la loi fondamentale dont le but est de conforter l'emprise du pouvoir exécutif et de perpétuer le mode de gouvernance qui est le sien excluant l'existence de contre-pouvoir et l'exercice de la démocratie. La démarche de l'un et le refus par une partie significative de l'opposition de s'y associer n'ont pas fait place à des propositions comme celle du Front des forces socialistes (FFS) ayant plaidé pour la tenue d'une conférence nationale inclusive de toutes les forces politiques et sociales vouée à trouver un terrain d'entente sur ce qu'il y aurait lieu d'amender ou d'inclure dans la nouvelle Constitution dont tout le monde reconnaît qu'elle est une nécessité s'imposant au vu des évolutions qu'a connues le pays et des revendications dont la société algérienne exige la prise en compte. Le pouvoir est certes parvenu à faire participer à ces consultations des partis, personnalités et organisations sociales dont le listing et le poids en terme de représentativité pour certains donnent l'impression qu'il peut se prévaloir d'avoir effectivement construit un large consensus qui légitimerait la révision de la Constitution à laquelle il procédera. Ce que les boycotteurs persisteront à dénoncer comme une « imposture ». Des alliés du pouvoir, entre autres le parti TAJ, semblent avoir conscience que la démarche du pouvoir censée lui procurer un consensus irréfutable pour sa révision de la Constitution ne peut se limiter aux consultations confiées à Ouyahia. C'est en tout cas ce qu'a insinué implicitement Amar Ghoul en sa qualité de président du TAJ avec sa proposition d'aller à une conférence nationale à l'issue du cycle de ces consultations et après que l'équipe dirigée par le directeur de cabinet de la présidence aura trié et synthétisé les avis et préconisations formulés par ses interlocuteurs. Sa proposition anticipe incontestablement la probabilité que le choix que le pouvoir ferait unilatéralement d'entre ces avis et préconisations suscitera des levées de boucliers parmi ceux-là mêmes qui ont accepté de se rendre à l'invitation d'Ouyahia ou effacerait le semblant de consensus auquel il serait fait référence. En fait, la proposition du TAJ qui apparemment rejoint celle du FFS, n'est en réalité qu'un autre stratagème visant à permettre de dédouaner le pouvoir de l'accusation d'être déterminé à faire un passage en force pour sa révision de la Constitution. Dans l'esprit du président du TAJ, la conférence nationale suggérée par lui n'a d'autre but que d'entériner le projet du pouvoir et non pas de débattre de son contenu. Ce à quoi évidemment se refuseront les parties ayant boycotté les consultations d'Ouyahia. |
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