Bien des études,
bien des projets dans le cadre de l'investissement industriel peinent à voir le
jour pour une raison majeure qui manifestement constitue la pierre angulaire de
tout investissement, à savoir le foncier industriel. Aucun investissement ne
peut voir le jour si on ne lui prévoit pas un terrain viabilisé. Et c'est
toujours l'Etat qui devra en donner un en concession, un crédit bancaire et un
accompagnement de management pour garantir la fiabilité de l'investissement et
réduire les risques de la faillite.
L'année 2011 a été
à Belabbès, comme dans tout le pays, l'année du CALPIREF. Pas moins de 169
dossiers ont été validés par une commission constituée pour étudier l'impact
des projets sur le développement de la wilaya. Bizarrement, à la fin de la même
année une décision est tombée tel un couperet pour prononcer l'annulation pure
et simple de toutes les décisions de concessions de terrains à l'exception de 4
projets qui ont été retenus avec le changement de l'intitulé de «boulevard de
l'excellence» à route de Telagh afin de déjouer «les instructions venues d'en
haut» et qui auraient été fermes surtout pour les terrain affectés aux
showrooms et aux centres commerciaux sur la rocade sud que l'on nommait
pompeusement «boulevard de l'excellence». Avec ces annulations dont les
motivations restent du domaine des documents frappés du «sceau du
confidentiel», ce sont des dizaines de prétendants à l'investissement qui se
sont retrouvés dos au mur avec en main des décisions d'attribution qui ne
vaudront que leur valeur de papier. Est-ce qu'il s'agit d'un autre contentieux
que la justice aura à trancher du fait que les postulants au foncier industriel
ont déjà effectué des versements et engagé des frais d'études et de
terrassement. Pour le moment aucun investisseur n'a été indemnisé ou du moins
remboursé. A-t-on voulu par cette décision d'annulation mettre un terme à des
spéculations qui ont animé la place publique au début de l'année 2011 lorsque
l'on a assisté à une ruée vers le foncier industriel qui se distribuait comme
des petits pains ? Des lots de terrain dont la surface se mesurait par des
milliers de mètres carrés ont été distribués sous le prétexte de
l'investissement le plus souvent pour des bouchées de pain. Une aubaine dont
ont profité des opérateurs économiques nantis pour mener plusieurs projets à
des endroits différents et dans certains cas avec des prête-noms. Si les
terrains de la rocade sud ont été sauvés et leurs projets envoyés aux calendes
grecs, ceux des zones d'activité industrielle ont été revus à la baisse et
plusieurs milliers de mètres carrés ont été récupérés, rapporte une source
d'information digne de foi. Le conflit entre les entreprises Berrebah et
Abdelli est une affaire qui relève d'une bourde de l'administration locale et
de complicité manifeste de régulariser des documents administratifs en un temps
éclair afin de se retrouver face à un fait accompli qui rendrait toute décision
d'annulation de la concession caduque. Cette décision de tout annuler «venue
d'en haut» n'est certainement pas un frein pour l'investissement dans le cadre
du CALPIREF mais une obstruction à un scandale qui allait venir se greffer à
d'autres dossiers noirs du foncier industriel, immobilier et touristique. Il
serait inutile de les citer, et ô combien ils sont nombreux, car on serait
accusé à tort ou à raison de manipulation ou de servir un clan qui voudrait en
détruire un autre. On ne mange pas de ce pain. Si les terrains morcelés sur «le
boulevard d'excellence» ont été sauvés in extremis, d'autres ne l'ont pas été
et demeurent exploités parfois à des fins non établis au préalable dans le
cahier des charges. Le cas du terrain de 7 hectares situé sur la route de
Telagh qui a longtemps servi pour la commune de Sidi Bel-Abbès de station
d'enrobage à chaud et que les anciens communaux se plaisaient à nommer
«caressage» en est un cas édifiant d'un scandale qui n'a rien à envier à celui
du manège qui est toujours d'actualité depuis une dizaine d'années. Coïncidence
terrible, le «manège» et le «caressage» sont d'une superficie presque identique
et relèvent du patrimoine communal. Le manège a été attribué en concession très
mitigée par un maire qui ne voulait à l'époque que le Sénat comme objectif et
le «caressage» a été concédé par un wali aux ambitions jugés démesurées à qui
on a fait avaler qu'une copie du marché de Rungis était possible sur le terrain
du «caressage» n'en déplaise aux élus des collectivités locales qui ont à
l'époque, bon gré mal gré, tenté de défendre le patrimoine communal. Au moment
des faits, certains élus à la solde de l'administration et pour faire plaisir à
un chef de l'exécutif qui était très probablement de bonne foi ont avancé que
le terrain du «caressage» était du domaine de l'Etat et que sa mise en
concession dans le cadre du CALPIREF était possible. La municipalité qui a
toujours été la vache laitière a été privée sciemment de son droit de
préemption en considérant que le terrain était un domaine de l'Etat et qu'il
n'était pas patrimoine communal. Certaines sources d'information confirment que
le terrain en question est bel et bien un patrimoine communal. Tous les
prétextes sont évoqués pour rendre ce terrain «concédable» en dépit de son
éloignement des zones d'activité et du «boulevard de l'excellence». Ceci étant,
il y a deux ans le projet de Rungis n'a pas démarré et le terrain en question
se transforme en une carrière de tuf, selon des indiscrétions. Le dossier du
CALPIREF constitue actuellement un sujet tabou que l'on évite pour la
sensibilité de bien des cas. Le wali de Belabbès se retrouve face à un gros
morceau du fait qu'il s'agit, avant toute opération de relance de
l'investissement, d'assainir les dossiers déjà impliqués dans ce processus.