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Trouver
une solution définitive» au problème de la vallée du M'zab, tel a été le mot
d'ordre du Premier ministre Sellal lors de sa dernière visite, en juin, à
Ghardaïa. Pour atteindre l'objectif assigné, deux voies divergentes en
perspective, mais qui peuvent se rejoindre pour peu que tous les acteurs se
donnent la peine de s'y soumettre, de gré ou de force. Sellal a ainsi évoqué,
une énième fois, «la voie du dialogue» et «l'application rigoureuse des lois de
la République» pour résoudre le conflit communautaro-confessionnel qui mine la
région.
Pourtant, et depuis que la crise entre Mozabites ibadites et Châambas malékites a éclaté, aucune solution suggérée par le gouvernement Sellal n'a été couronnée de réussite. Et ce ne sont ni les traditionnelles rencontres intercommunautaires, les jours de visites officielles, ni le tout sécuritaire qui démentiront l'échec des différents scénarios de sortie de crise. Plus qu'une crise, c'est une véritable bombe à retardement, dont le compte à rebours a, depuis longtemps, été actionné, qui risque d'exploser entre les mains d'apprentis sorciers. Mais le plus affligeant dans ce qui se passe à Ghardaïa, avec son lot de morts et de violence, est cette incapacité chronique de l'Etat à solutionner un conflit localisé, dont les acteurs et victimes sont connus, malgré tout l'arsenal juridico-sécuritaire mis en place. A cette absence pragmatique des pouvoirs publics, le peuple mozabite a décidé, de nouveau, de se bouger, d'interpeler et les consciences et les responsables. Ainsi, la société civile mozabite annonce pour aujourd'hui l'organisation d'un rassemblement pacifique de la colère pour dénoncer «les crimes et le terrorisme racial» dont est victime la communauté mozabite. Un rassemblement prévu également dans les grandes villes du pays. A travers cette action, les Mozabites cherchent à se mobiliser pour faire face à une violence ethnique, n'ayant pas peur des mots, et dénoncer le silence qui entoure l'assassinat de ses membres dont le dernier, dimanche dernier, au premier jour du Ramadhan, est Aouef El Yesaâ, lapidé à coups de pierres et de projectiles. Un crime qui a été à l'origine d'une nouvelle flambée de violence qui apparemment dépasse la capacité ou la volonté, c'est selon, de l'Etat à réagir et solutionner. Malgré toutes les promesses et les menaces de Sellal, le conflit ne semble pas vouloir se résorber et la raison de cet échec est à chercher, encore une fois, du côté même de cette volonté officielle à intervenir énergiquement et sans concession pour arrêter cette violence. En effet, depuis le début de la crise, les discours et les actes ne sont pas à la hauteur de l'événement, le gouvernement se contentant d'intervenir par procuration, laissant le soin à des services de sécurité décriés et des notables locaux peu représentatifs de ramener le calme. Pourtant, ce qu'il faut craindre le plus dans cette affaire c'est que le conflit, circonscrit à deux communautés distinctes et à une région définie, risque de déborder et de conduire à un embrasement généralisé. Cette absence d'initiatives courageuses des décideurs en place nous amène à nous interroger sur la durée de ce conflit et surtout sur la légitimité d'un gouvernement inapte à gérer une situation de crise. |
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