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Faut-il
s'étonner de la récupération politique du Front national, le parti raciste des
Le Pen, père, fille et nièce, des quelques incidents qui ont émaillé les
soirées festives des supporteurs algériens après la victoire du onze national
contre la Corée du Sud et sa qualification aux 8èmes de finale de la Coupe du
monde ? L'occasion faisant le larron, l'extrême droite a logiquement interprété
des incidents et des troubles très localisés dans des quartiers de quelques
villes françaises et versé dans la surenchère grossière et la manipulation
maladroite.
Se faisant rattraper par le Monde qui avait démontré que le match Algérie-Belgique avait déjà été le prétexte à une avalanche d'informations fallacieuses, à grand renfort de photos remontant parfois à 2013, les sympathisants du Front et ses succursales ont récidivé sur les réseaux sociaux en faisant dans la désinformation délibérée, rapportant pour certains des scènes d'apocalypse, pour souligner l'échec de la politique d'intégration des populations immigrées. La députée Marion Maréchal-Le Pen twittait que «les incidents autour de la victoire de l'Algérie sont une défaite pour la politique d'intégration menée par l'UMPS». Elle évoquera également la victoire du «communautarisme sur la République». Marine Le Pen, pour sa part, surfe sur cette déferlante puisqu'elle a tout bonnement demandé la suppression de la double nationalité en France et à «arrêter l'immigration». Un message électoraliste dans la pure lignée du programme frontiste faisant endosser aux émigrés tous les problèmes de la France blanche et catholique. Cette haine de l'Algérien, du musulman, du basané et du noir trouve son prolongement naturel dans la police hexagonale qui retrouve ses réflexes en cassant du bougnoule comme ce fut le cas à Lyon après le match contre la Corée. Avant le Mondial, le Bloc identitaire, un mouvement d'extrême droite qui a fait de l'immigration et de l'islam en France ses premières cibles, avait stigmatisé les supporteurs algériens demandant à Valls une série de mesures préventives comme l'interdiction du port des couleurs nationales les jours de match. Mais ce n'est pas uniquement en France que le football déchaîne autant les passions et exacerbe les haines. Phénomène planétaire, il peut être à l'origine de beaucoup de dérapages malheureux. Au-delà des victimes «festives», le ballon rond enflamme et désillusionne. Fait péter les câbles et déraisonne. L'exemple le plus frappant est venu du président uruguayen qui a injurié publiquement la Fifa après la sanction qu'elle a infligée au joueur Luis Suarez, exclu du Mondial pour avoir mordu un adversaire italien. «La Fifa est une bande de vieux fils de p...», a déclaré José Mujica accusant Blatter d'avoir «infligé des sanctions fascistes». Si pour Marx la religion est l'opium du peuple, elle a été remplacée depuis par le football, véritable religion des peuples, la meilleure preuve du populisme ambiant. En Algérie, la passion est telle que tout est relégué au second plan et devient un événement alibi pour oublier la mauvaise gouvernance qui mène tout un pays vers le précipice. Allez encore un pas et la victoire est à nous ! |
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